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22 octobre 2007 1 22 /10 /octobre /2007 00:03

 

                                   alcoolique.jpgalcoolique2.JPG
- Ah oui vous êtes le bienvenu on aime bien les journalistes !

- Tiens donc vraiment ?

- Oui oui c’est Joseph Kessel qui a mis en lumière notre association dans les années 50, nous aimons bien les médias…

- Oui il a écrit Avec les alcooliques

     Ben attends j’ai fait des études sacrebleu ! Quel plaisir d’entendre ça ! Pour une fois qu’un journaliste n’est pas réceptionné par une meute de prunelles suspicieuses. Une investigation chez les Alcooliques Anonymes, le comble journalistique, moi qui suis déjà bourré rien qu’en gobant un Mon Chéri.

     « Tyran », « créancier », « vorace ». Non, les mots qui fusent dans l’assistance d’une dizaine de victimes ne me concernent pas. Mais visent l’alcool. Je suis installé en plein milieu du cercle, tel le chef d’une tribu sud-américaine. L’ambiance est sereine, reposante, loin du tumulte médiatico-citadin, alors qu’on est pourtant à vingt mètres d’une rue grouillant de monde et de kebabs. La réunion se déroule dans une pièce entièrement blanche, l’impression d’être dans le vaisseau au début de La Guerre des étoiles ! Un bouquet de fleurs, une bougie qui vacille tout près. Je me permets discrètement de les éloigner l’un de l’autre, pour ne pas qu’ils s’enflamment. Il y a tout de même Juju dans la salle ! Probabilité d’incident matériel multipliée par huit ! Et bien sûr des boissons non alcooliques. Le protocole est simple : personne ne coupe la parole à l’autre. Un homme en costard cravate saisit la parole,

- Maintenant j’ai une vie normale, je peux regarder un film de A à Z.

Première découverte, il n’y a pas les « Bonjour, euh, je m’appelle Hector, je n’ai pas bu euh, depuis trois mois », puis les applaudissements et « Bravos Hector » qui suivent. Rien de tout ça ! Maudits scénaristes !

- J’ai tout reconstruit aujourd’hui, car je voyais que les anciens participants revivaient…

     J’interroge en chuchotant, malgré l’interdiction du président de séance, un homme à chemise à carreaux,

- J’ai chanté dans ma voiture, et n’ai plus bu car je savais que je n’étais plus seul dans mon cas…

     « Chanter », « dans », « voiture », je note je note ! Un autre avoue être encore tenté par le « démon ». C’est bon ça je note aussi ! La réunion s’achève. Dans l’assistance, je repère deux yeux bleus mirifiques juchées sur une tête féminine que je raccompagne vers la sortie et le tumulte de la ville.

- Vous savez, vous ressemblez incroyablement à XX (actrice et chanteuse). Je suppose que je dois enterrer l’idée de vous citer dans l’article aussi profondément que le pétrole en Antarctique ? Dommage ça aurait pimenté les colonnes !

     Elle me sourit, et en partant me lance,

- Vous ne le dites à personne n’est-ce pas ? Car je me souviendrai de vous… en me catapultant un clin d’œil et un sourire.

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19 octobre 2007 5 19 /10 /octobre /2007 00:14

 

                               rottweiler.jpgchantier.jpg
- Juju tu dois aller faire un reportage sur un chien dangereux qui terrorise les gens !

- Par chien dangereux vous entendez ? demande-je à Charlie, ma fesse droite posée sur le coin de son bureau.

- Un rottweiler qui aboie contre les passants, qui du coup ont peur, je vois déjà en titre « Un chien terrorise le quartier Lafayette !»

- Non mais bon j’ai pas la protection en mousse comme on voit à la télé hein ! Vous avez pas peur de perdre un pigiste ?

Silence.

- Ah ben non évidemment je suis bête !

- Interview du maître chien, des riverains, papier ambiance quoi, comme tu sais faire ! Vivant ! lance-t-il en se calant dans sa chaise, les mains croisées sur le cervelet.

- Bon ben j’irai alors ok !

- Ah non, tu « vas », présent indicatif, cette nuit…lance t-il, bouclage pour demain.

- Cette nuit ??? C’est pas parce que je suis célibataire, seul désespéré en proie aux doutes dans mes draps glacés qu’il faut m’envoyer pur les trucs de nuit ! J’vais me plaindre à Pigistes sans Frontières !

- Il aboie la nuit.

- C’est un loup ou quoi ?? Finalement, c’est un reportage de guerre en ville ! Vous n’auriez pas un brassard presse ? fais-je en plaisantant.

     Bide catégorie poids lourd. Il fut une époque où ce brassard protégeait sur un conflit, c’est aujourd’hui malheureusement une cible. Charlie replonge ses yeux dans la maquette du journal. Synonyme de fin d’audience.

     Arrivée devant le terrain vague, un chantier en construction. Nul badaud aux alentours. Sortie de métro abandonnée. Impression de banlieue des années 70, celle des films de Belmondo. Je longe le grillage. Rien, hormis un grillage. Je pige pas pour Grillage Magazine ! Repérage d’une brèche dans le grillage. J’y faufile mon corps aussi musclé qu’un Mikado. Mes pieds échouent dans une flaque. Tous les clichés du terrain de vague s’accumulent saperlipopette ! Je m’attends alors à croiser un ouvrier casque de chantier profil YMCA, qui dévore un sandwich à la rosette extirpé d’une mini-glacière. Mais personne, décor d’apocalypse. Je me refaufile par la brèche. Je tombe nez à nattes avec deux étudiantes.

- Mesdemoiselles excusez-moi vous avez peur du chien la nuit?

    Je réalise soudain que je passe pour un psychopathe. J’ai surgi du grillage et sauté sur elles. Elles ont sursauté.

- Heiinnnnn ? fait l’une.

- Hiiiiiiiiiiiiii fait l’autre.

Ou l’inverse, je ne me rappelle plus.

- N’avancez pas ! crie la première.

- Mais non mesdemoiselles je suis journaliste !

     Ce qui semble les paniquer davantage qu’un prédateur sexuel ! Je leur présente alors ma carte de…euh, zut, nom d’un quotidien dont les ventes sont en hausse ! A cette époque je  n’ai pas encore ma carte de presse !

- Si si je suis journaliste euh, je suis pas un pervers je vous assure les filles !

- Bon ben vous êtes bizarre vous dis donc ! Vous faites des articles la nuit ?

- Et oui, hum, vous savez, l’actualité…ne dort jamais, énonce-je avec mon sourire trente-deux dents et m’appuyant contre le grillage.

Prenez ça dans vos synapses d’étudiantes !

- Hi hi hi fait une natte.

- Bon les filles sinon le chien ? Peur ? Pas peur ? Mi-peur ?

- Quel chien ? Le truc qui aboie contre le grillage ? Ben c’est son métier au chien non ?

- Moui je vois, c’est bien ça, fais-je en gribouillant sur mon calepin.

      Dans l’article ce témoignage deviendra « rentrant seules cette nuit, deux étudiantes passent sans crainte près du grillage, sans peur d’affronter le supposé molosse ». Le duo de nattes disparait dans la pénombre. De nouveau seul. Avec la pleine lune lumineuse, la nuit est tel un cyclope qui me nargue. Deux phares jaunes percent la pollution. Un employé d’une société de sécurité s’extirpe du van, tandis que des bruits lourds résonnent à l’intérieur. LE chien !

- Qu’est-ce que vous faites là ?

- Je suis journaliste ! Enquête sur votre chien qui serait susceptible de nuire à la tranquillité du voisinage.

- Ah ah ah ! Albator ? Nuisible ?

     Il ouvre la porte. Le rottweiler haletant me lèche le menton. Je repense soudainement à cette étude vétérinaire, officielle et tout, avec graphiques qui font pro, que j’avais analysée en bon journaliste rigoureux que je suis, et qui stipule qu’un chien passe la majorité de son temps à se lécher l’anus. Je repousse alors le canidé délicatement, avec un sourire de constipé. Le molosse me renifle alors les genoux.

- Mais un chien c’est pas censé sentir les pieds ? Ou « sentir le cul » (copyright Alain Chabat) ? Vous avez le seul chien au monde qui renifle les genoux !

- Albator aboie auprès des gens qui lui jettent des cailloux ! Et c’est tout ! Mon chien fait son job. C’est le maître le responsable ! Certaines attaques finissent en tragédie. Ne laissez jamais un enfant seul avec un chien, même tout petit et gentil. Jamais !

     Je flashe le chien. Bactéries ou non, je me suis fait un nouvel ami. Il aura droit à sa truffe en une.

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15 octobre 2007 1 15 /10 /octobre /2007 00:04

                                animateirs.jpgpipeau.JPG
     Un présentateur télé se propose de me rapatrier chez moi en moto. Je refuse poliment, l’interview étant justement consacrée à un accident de la route qu’il a subi. Pas vraiment rassurant ! Durant l’entretien, il m’a confié ses projets, dont la création d’un magazine. Il m’a dévoilé les maquettes, je lui confie mon CV illico !

- Si jamais tu as besoin d’un pigiste hein…

- Flexible et payé irrégulièrement ? fait-il en plaisantant.

- Oui voilà ! Un bon pigiste fidèle quoi…

- Pas de problème Juju, tu es tout en haut de la pile des CV !

     Waouh, super, il se pourrait que je bosse pour un magazine dont le rédac chef est un pro de la télé, me dis-je en évitant de m’asseoir sur un strapontin du métro couvert d’urine humaine. Quelques semaines s’écoulent. Aucune nouvelle de XX. Jusque là, sur l’échelle temporelle journalistique, tout est normal. Passent encore quelques jours, où je relance XX par un texto. La réponse est immédiate ! Ces fameux textos réponses directes à vitesse grand V, où vous vous dites que le destinataire se faisait chier, et qu’il reçut votre texto telle une bouée de sauvetage alors qu’il se noie dans un océan d’ennui !

- Ouais Juju pas de problème ! Je pense à toi, je te tiens au courant.

     Malédiction, la phrase damnée ! « Je te tiens au courant », synonyme de Juju catapulté dans les oubliettes journalistiques ! Passent encore quelques semaines. Je relance XX par le truchement d’un texto.

- Oui Juju, je ne t’oublie pas. Tu sais quoi ? Parlons-nous !

     « Parlons nous » ? On dirait une réplique de Brando dans Le Parrain ! Du genre « parlons nous cette nuit dans un entrepôt près de la Seine » Passent quelques semaines. Je relance XX par un nouveau texto. Réponse abracadabrantesque et vexante.

- Oui c’est qui ?

     Désillusion définitive !

- C’est Juju le Pigiste, jeune journaliste motivé, travail, magazine tout ça…

- Ah mais oui, je conserve ton CV !

      Cette fois je décide de l’appeler et de parler de vive langue avec lui.

- Ah oui justement Juju ! J’ai ton dossier sous les yeux là ! (je rappelle que ces billets sont basés sur des faits réels)

     Je passe sur les autres textos qui suivent, dont un original « We keep in touch ». Plusieurs mois s’égrènent dans la galaxie journalistique. Des siècles dans la vraie vie. Je reçois un mail de la dite personne. Tiens, curiosité, puis vexation blessante ! Le message me convie au cocktail…de lancement du magazine ! Mes globules rouges explosent. Mon cerveau dessine sur mes rétines le visage de l’animateur transformé en punching-ball. Mais je me démonte pas, je vais au cocktail ! Sur place, je l’aborde, sourire trente-deux dents. Il me scanne de haut en bas. Je ne dis pas un mot.

- Oui vous êtes ?

-Juju le Pigiste…

- Ah mais oui ! Ca fait longtemps !

- Déjà un an oui…

- Je conserve ton CV tu sais !

     Puis il disparait dans les vapeurs de champagne agripper d’autres convives. Clouage ultime au pilori journalistique : le discours devant l’assemblée macarons champagne. L’animateur déclame un «  Grand merci à tous pour ce magazine ! », et surtout une phrase qui me perce le cœur : « et demain n’oubliez pas, réunion de rédaction ah ah ah ! ». Mon macaron chocolat s’écrase sous ma main, je m’essuie sur la nappe laiteuse du buffet : comme une belle traînée d’excrément. Je quitte le cocktail sans dire au revoir, en catimini. Si XX a remarqué mon départ, je me convertis immédiatement en moine chauve cultivateur de riz en Mongolie.

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11 octobre 2007 4 11 /10 /octobre /2007 01:12
                                                                                melki.jpgguide-naif-cover-copie-2.JPG

- Waouh j’viens de faire une interview avec Gilbert Melki !!

- Ah ouais, euh c’est bien… réponds-je à Benito le CDIste

- Gilbert Melki il est vachement sympa, c’est mon pote maintenant, on bu un verre, on est amis à présent.

     Je reste bouche bée. Est-il sérieux ? J’ai envie de lui expliquer qu’il existe un fossé entre les personnalités et les journalistes. Une personnalité est souvent gentille avec un journaliste, c’est vrai, mais souvent en période promo. Un théorème aussi vérifiable que celui de Pythagore. Il va droit dans le mur.

- Waouh t’as de la chance d’être devenu son ami ! fais-je en rigolant.

     Mais il ne saisit pas l’ironie et s’enfonce dans son délire !

- Ben ouais, c’est pour ça que j’ai fait journaliste, pour rencontrer les stars !

Silence.

- C’est juste pour ça ?

- Oui quoi, pour dire que j’ai réussi, comme lui là, regarde-le, il a réussi !

- Pardon ? Mais tu me pointes la télé du doigt là !

     Il y a toujours une télé allumée dans les rédactions…Lapsus révélateur. Réussir = faire de la télé, génération Loft Journalisme. Sauf que le jeune journaliste n’a pas vraiment le physique de Mélissa Theuriau, ce qui diminue ses chances d’afficher sa trombine dans la petite lucarne. Les gens ne souhaitent pas vraiment voir Elephant Man leur annoncer les infos ! C’est horrible mais vrai ! Pour couper court à cette conversation sans fond, je lui énumère donc les personnalités que j’ai interviewées, ou avec lesquelles j’ai pris un café. Comme lui, je dis qu’elles sont mes « amies », pour le faire déguerpir, comme pour faire partir un teckel en chaleur qui sauterait et baverait sur votre Jean tout neuf ! Alors il s’en va, s’exploser droit dans le mur de la naïveté.

  Merci à Alison, t’auras compris pourquoi ! J

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8 octobre 2007 1 08 /10 /octobre /2007 01:14

                                                   
   

Mon téléphone vibre tel un bourdon constipé.

- Allô Juju tu dois aller à un conseil de quartier ce soir !

- Ce soir ? A quelle heure Charlie ?

- A 19h30 !

- Mais il est 20h là ! Bon, ben je finis mes cookies et j’y vais…

     J’enfile ma panoplie de pigiste et me téléporte vers le lieu de l’action journalistique. Il fait moins trois, les rues transfigurées en bacs à frigo. J’aperçois au loin l’haleine de Monsieur le Maire s’estomper dans l’air ! En me voyant glisser vers lui, il confie peu discrètement à sa collaboratrice,

- Mais pourquoi il vient lui ? C’était prévu ?

- Oui, je viens faire un compte rendu ! précise-je avant l’assistante à lunettes embuée et nez rouge. Direction une salle aménagée avec écran, rétroprojecteur, et un régiment de chaises, vides. Même en retard, je suis en avance ! Vingt minutes plus tard, la trentaine d’habitants ont installé leurs miches bien au chaud. La propagande réunion municipale démarre. Encore un de ses meetings où rien de croustillant ne se manifeste. Une espèce d’agitation éclot parmi l’assistance. Mon flair journalistique me susurre de me rapprocher du brouhaha, en effectuant un transfert de chaise en chaise, sous les yeux du maire.

- Excusez-nous messieurs, mais auriez-vous un problème ? Nous sommes ici pour en discuter vous savez ! crie le maire. Réplique d’un riverain qui voit (et boit) rouge.

- Monsieur le Maire ! La rue Desherbes !! Votre projet à la mord-moi-le-nœud d’y installer une piste cyclable, et surtout d’y foutre un sens unique ! Depuis Hugues Capet, cette rue est à double sens ! Le bordel que ça va foutre ! Excusez-moi de parler comme ça mais bon, c’est vrai quoi hein…

     Le ton du commerçant au physique d’haltérophile reste pour l’instant cordial.

- Oui écoutez je comprends votre désarroi et je…

- Ce n’est pas du désarroi ! C’est du ras-le-cul, très très haut !

     Mon Gemini Cricket journalistique me chuchote l’imminence d’une explosion. Comme dans les conférences de presse arrangées entre deux boxeurs avant un match !

- Ecoutez, écrivez un courrier et je…balbutie Monsieur le Maire.

- Un courrier ? Mais qu’est-ce que vous faites ici ? Vous n’êtes pas là pour en parler justement ? C’est le comble Monsieur le Maire ! La moustache du commerçant leveur de fonte chauffe.

     Puis naissent quelques murmures dans l’assistance, émis par ceux qui ne voudront jamais s’exprimer publiquement. Des « oh oui, il a raison », « le maire exagère », des « oh la la ». Des mots de révolte chuchotés : une révolution salon de thé. Mais un « Vous êtes un con Monsieur le Maire ! » fort et limpide explose. Bingo ! Le maire voit rouge !

- Ecoutez je ne vous permets pas ! J’ai annulé l’inauguration du gymnase Gilbert Montagné pour venir ce soir ! Normalement c’est le maire d’arrondissement qui devrait être là !

- Justement c’est le bordel !!! Lui il s’occupe jamais des rues à contre sens supprimés, et vous alors non plus, vous avez d’autres chats à fouetter !! On voit que ce sont bientôt les élections régionales, bordel de merde, fait chier ! fait-il en tapant une chaise devant lui.

     La mamie assise à côté fait « ouh la la la ça chauffe » en me souriant. Le journaliste en moi n’attend qu’une chose, que les chaises virevoltent, s’envolent dans les airs, que le maire en vienne aux mains avec le commerçant rebelle. J’en profite pour faire des interviews chuchotées, à genoux, à l’insu des sbires du maire. « C’est un con oui, écrivez le !! ». Je gribouille sur mon cahier à spirales. Finalement, à défaut des chaises, les portes claquent. La salle s’évide. L’équipe municipale reste toute seule, interloquée, face à une assistance évaporée, des chaises désertes hormis une, la mienne.

- Ah vous êtes resté vous ! sourit le maire, vous avez de quoi écrire…

- Justement, je dois avoir votre point de vue là-dessus Monsieur le Maire.

     Je rédige l’article avec la description de tous les détails, et en mettant même le titre « Mr le Maire, vous êtes un con », avec des guillemets bien sûr. Ce fut l’article le plus modifié, coupé, changé, expurgé des gros mots des protagonistes, de ma prime carrière.

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5 octobre 2007 5 05 /10 /octobre /2007 00:04

                                coupdepiedaucul-copie-1.jpgbalai.JPG
     Le grand ménage d’été. Le tri dans son répertoire. Une épuration numérique, un génocide lettrique d’un simple coup de touche de téléphone. Le critère : faire défiler la liste, et cerner les personnes qui ont appelé ces deux trois derniers mois. Parmi elles, lesquelles se sont bougé les miches pour appeler et prendre de vos nouvelles sans intéressement aucun ? En d’autres termes : lesquels vous ont demandé « Au fait et toi ça va ? » sans que vous n’ayez envoyé un texto ou autre disant la même chose ? L’addition est rapidement faite ! La première fois est douloureuse. Mais ensuite on s’y habitue facilement.

Parce que le monde des textos et du portable est un univers singulier. Combien de fois ai-je reçu des textos du style « Salut Juju tu vas bien ? » d’une personne ressuscitée du royaume des morts, suivi d’un pas du tout discret « Dis moi j’ai un truc à te demander… ». Je ne lis même pas la suite. Eradication du contact sur le champ. Autre exemple, un texto reçu par une beauté féminine que même Photoshop n’aurait pas besoin de truquer : « Salut, est-ce que tu veux boire un verre ce soir ? ». Je réponds en attendant le fameux délai de quelques minutes pour faire croire qu’on est occupé, « Avec plaisir ! ». Un texto suit dans la foulée, sans attendre le délai officieux, « Oh pardon je me suis trompé de Juju ». La demoiselle, annihilée de mon répertoire. Sans parler du texto le plus cruel et le plus barbare. Je me fais chier à rédiger un texto pour prendre des nouvelles de quelqu’un etc. Une réponse satanique ne se fait pas attendre et s’affiche sur mon écran : « C’est qui ? ». Désillusion. Contact atomisé sur le champ. L’adage « Trop bon, trop con » demeure de loin le plus réaliste, illustré, vérifiable qui existe.  Autant dire que ma carte SIM a bien maigri cet été ! Il ne reste plus que les contacts familiaux et professionnels ! Et quelques fidèles que l’on compte sur les doigts d’un manchot. Puis le téléphone sonne…

- Allô Juju c’est Charlie ! J’ai un sujet que tu dois faire…

     Ah voilà un coup de fil salvateur en provenance directe de la sphère journalistique. Et qui me remet sur le rail des aventures de la pige.

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1 octobre 2007 1 01 /10 /octobre /2007 00:14

rateau.jpghall-rtl1.jpgvincent-perrot.jpg

     Je déboule dans le hall de RTL en plein pandémonium de Noël. Un duo d’assistants installent deux sapins rouges, et s’avèrent tourmentés par leur disposition.

- Ils ont bien alignés là ou pas monsieur ? m’interrogent-ils.

- Euh oui oui ! Parfait ! Mais ils sont rouges ?!

- Les couleurs de RTL oui !

- C’est vrai. Ben ils auraient pu être blancs aussi alors ?

- En effet…rétorque l’un en se gratouillant la tête.

- Ou blancs ET rouges ?

- En effet aussi…grimace l’autre.

- Bah pas grave, je suis jeune pigiste vous savez, si on acceptait nos propositions, il tomberait de la neige verte dans les Saint-Maclou.

    J’arrive au comptoir.

- B’jour, Juju le Pigiste, j’ai rendez-vous avec Mr Perrot.

     La jolie demoiselle appelle l’animateur.

- Oui voilà, il vient vous chercher !

- Ah ? C’est cool ça !

     C’est en effet assez aimable de la part de Vincent Perrot de descendre et de m’accueillir, moi jeune pigiste anonyme. Bigre ! Mais cette demoiselle est jolie ! Je discerne son délectable reflet dans les boules ! Que dire en attendant, pour abattre les anges qui passent, au fameux moment où vous êtes seul avec la fille de l’accueil, et que vous attendez la personne devant vous recevoir. Sortir mon portable et faire défiler mon répertoire, pour faire croire que je suis occupé ? Non… Retourner vers les sapins rouges ? Non plus… Faire dans l’originalité, utiliser les événements alentour, les objets périphériques, générer dans mon cervelet l’élaboration magistrale d’une flamboyante réplique !

- Euh, vous aimez les sapins ?

    Iris interloqués de la craquante demoiselle. Je n’ai pas trouvé mieux. Mes joues sont aussi rouges que le logo RTL ! C’est quitte ou double. Ou je suis catalogué comme souffrant d’un dérangement psychiatrique journalistique, ou pas. Etonnamment elle rigole !

- Non parce que vos sapins sont vraiment jolis, fais-je en désignant les deux dans le hall. Et les deux moustachus qui s’en occupent aussi !

     Alors on discute. Vingt minutes. Vincent Perrot n’arrive toujours pas, pas de problème…Puis au moment où je sollicite son numéro de téléphone pour que l’on discute branche de sapin dans un endroit plus approprié, un doigt tapote mon épaule.

- Bonjour ! Vincent Perrot enchanté ! fait l’animateur avec un large et grand sourire, on y va ?

     Tandis qu’il m’accompagne vers son bureau, il me lance un complice « Euh, je vous ai dérangé peut-être ? »

- Non, non… grommelle-je avec une politesse journalistique.

     L’interview se déroule devant un café à la cafét’. Décidément, cet endroit semble génétiquement conçu pour y faire des interviews. Au cours de l’entretien, je parviens à faire monter les larmes aux yeux de Vincent Perrot ! Je suis la nouvelle Mireille Dumas ! Un petit détour par son bureau à travers les couloirs de RTL à l’étage supérieur et exigu. L’endroit foisonne de cadeaux originaux d’auditeurs. J’évite de toucher, sinon je serais capable d’en détruire un. Tandis qu’il s’occupe gentiment de me graver des photos sur un CD, je jette un coup de rétine au bureau de Julien Courbet juste en face dans le couloir. Pas là. Dommage, j’aurais souhaité salué un autre Juju. Et sans aucun doute passer pour un schizophrène...Retour hall d’accueil, dehors la nuit a débarqué. Plus de jolie fille à boucles au comptoir. A sa place, un rugbyman black en costard auquel j’adresse un « Au revoir » courtois mais désappointé.

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29 septembre 2007 6 29 /09 /septembre /2007 00:19
                                          amis.jpgguide-naif-cover.JPG
     Un jour, un quidam étranger à la sphère journalistique, me balance une phrase qui résonne toujours dans mon esprit de pigiste. L’homme, au cours d’une conversation politesse/routine portant sur le journalisme, me demande, sérieusement :
-Dites moi Juju, vous avez beaucoup d’amis journalistes alors ?
     Autant que de neurones dans le cerveau d’un Lofteur ou de Talibans maires de New-York. J’en ris encore.
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26 septembre 2007 3 26 /09 /septembre /2007 00:14

                                                   carotte.JPGpourdreauxyeux.jpg

 

     Ce que j’aime bien dans le journalisme, ce sont les promesses faites à chaque détour de cocktail, machine à café, ou coup de fil. Si j’avais pris au pied de la lettre toute ce qu’on m’avait promis, alors vous auriez eu droit à :
Juju le Pigiste chroniqueur chez Fogiel (si si on me l’a sorti)
Juju le Pigiste en CDI bien sûr dans un grand magazine de voyage
Juju le Pigiste chroniqueur sur Direct 8
Juju le Pigiste qui aurait publié trois fois son livre ( !)
Juju le Pigiste en rédacteur web de produits de luxe
Juju le Pigiste en CDI dans un magazine de pharmacie
Juju le Pigiste en CDI dans un magazine de l’Armée !
Juju le Pigiste en auteur de one man show d’un acteur (un billet là-dessus prochainement !)
   Puis plein d’autres choses que j’ai oubliées et auxquelles vous avez donc échappé !
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24 septembre 2007 1 24 /09 /septembre /2007 00:12
 

                                         wilson-jet-set.jpg30euros.jpg
     Gontran de Sainte-Brioche, jet-setter en CDI qui vient de découvrir ma situation journalistique, s’intéresse à ma personnalité de pigiste.

- Dites moi Juju, vous êtes donc journaliste ?

- Oui, oui, je suis donc journaliste, pigiste, payé à l’article…

- Ah la presse ! La situation de la presse est affreuse aujourd’hui, quelle tristesse, les journaux ne se vendent plus, le papier va disparaitre !

     Pitié non, il ne va pas développer ce sujet rabâché à longueur de journées par les êtres non journalistiques !

- Vous savez Juju, je ne lis jamais les journaux ! Que les sites Internet ! C’est triste, mais c’est triste ! Le papier, le papier oui que l’on tient entre ses mains, va disparaitre !

- Moui, vous avez goûté le pain surprise ? Il est savoureux !

     Sourcils froncés de l’invité.

- Euh, je veux dire, oui vous avez raison, la situation de la pesse est pénible, mais elle sait se ressaisir, elle saura le faire ! Entre ici Jean Moulin, Radio Londres, tout ça…

- Vous savez les difficultés ça me connaît, j’ai un ami qui n’a gagné que 2600 euros ce mois-ci, je ne sais pas comment il va faire !

- Tiens donc ? Moi ce mois-ci j’ai gagné 30 euros, c’est même marqué sur ma fiche de paie et tout. Mon banquier m’a demandé s’ils n’avaient pas oublié deux zéros, j’vous la montrerai ! J’espère que je vais tenir le mois.

     Gontran de Sainte-Brioche cesse de mâcher, joue droite sur position chique et yeux en forme de ballons de rugby. Je poursuis.

- 30 euros, nets bien sûr, heureusement! A déclarer, évidemment…un petit peu de béarnaise sur votre toast peut-être ?

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