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16 avril 2007 1 16 /04 /avril /2007 23:54

                                   

 

 

     Le nez aplati sur les vitres bleutées du Greyhound Bus métallique, je contemple le panorama dépouillé longeant la Pacific Highway 101. Direction Los Angeles, en partance de San Francisco. Loin des frasques municipales françaises ! Loin du microcosme journalistique parisien qui croit avoir de la valeur! Juju en Amérique !

     Des buissons en forme de boule traversent la route, façon Western. Une cité infinie se profile et grattouille l’horizon. Los Angeles, la ville la plus étendue du monde, constituée de mini villages, où tout le monde est gentil. Huit heures de voyage. Terminus sur le parking d’un restaurant près de la gare centrale. Un petit déjeuner gargantuesque m’attend, bourré de pancakes géants, moelleux et sucrés, que je noie sous des cascades de sirop d’érable succulent. J’attaque à la fourchette une montagne d’œufs brouillés jouissifs, à côté de laquelle se dissimulent en embuscade quatre tranches de bacon grillés, qui crépitent encore dans l’assiette. Du café à profusion, du jus d’orange pressé, des French toasts vanillés qui n’ont de French que le nom. Je profite de l’image parfaite des Etats-Unis que confère cet endroit à l’aube californienne, où l’homme d’affaires côtoie le SDF du coin autour du même pancake. Dehors, les voitures défilent lentement le long des larges avenues de la Cité des Anges. Rien à déclarer d’épouvantable sur cette ville, si ce n’est son manque d’architecture of course !

      Le ventre farci comme un oreiller, direction Beverly Hills. Dans ce décor de Disneyland, pas grand-chose à se mettre sous ma dent journalistique. Changement de plateau. Je m’engouffre dans un bus, dont le chauffeur entame la conversation, à l’instar de tous les occupants. Essayez à Paris d’entamer la conversation avec un passager du bus ou du métro, et admirez son regard méphistophélique. La nuit tombe, déjà 18 heures, les lumières faiblardes orangées de Los Angeles débarquent. Les lampadaires éborgnés me saluent en scintillant. Le bus illuminé au néon se vide peu à peu, le silence s’impose. Je colle mes yeux et mes mains sur la vitre pour essayer de saisir quelque chose dehors. Or c’est le noir total. Je m’empresse de demander au chauffeur où l’on se dirige.

- Downtown L.A man !! s’exclame-t-il gaiement en dépit du volant qui lui compresse l’estomac.

- What ? m’écrie-je.

- This is the last bus, man. Good luck! me lance-t-il tandis que son bus fait « Pssschhhht », s’immobilise et m’éjecte sur le trottoir.

     Centre ville de Los Angeles. Deux meurtres par minute. Le quartier à éviter. Même dans le Guide du Routard, ils disent de ne pas exposer ses miches dans ce secteur. C’est dire. Surtout que j’ai une bonne tête de journaliste français. J’ai même un sac à dos. Je vais être repéré immediately ! J’ai envie de me coller un brassard blanc avec « Press » écrit dessus comme en zone de guerre. Mais bon, aujourd’hui cela ne suffit plus pour éviter les balles. Au contraire.

    Le bus m’abandonne. Je me retourne, un drôle de bruit. Personne, ce sont mes dents qui claquent. A droite, un grillage laisse deviner un terrain vague, au fond duquel une forme se meut, puis deux. J’accélère le pas. Un véritable décor de film catastrophe. Je croise un caddie qui couine, poussé par un clochard qui boîte et avance à deux à l’heure. Il traverse la rue sans regarder, car aucune voiture ne s’aventure ici. Paysage ubuesque. En levant les yeux, j’aperçois à plusieurs centaines de mètres à peine les buildings du centre ville éclairés. Une femme, je suppose, est assise par terre, et boit quelque chose dans un sachet serré entre ses mains recouvertes de gants déchirés. Je fixe le sol comme un chien, ne croise pas les regards. Mes poils de jambe se hérissent lorsque j’aperçois, venant à ma rencontre, un groupe de blacks baraqués, chaines en or au cou, bandana, bagouzes aux doigts, sourcils froncés. Je les croise, toujours sans lever le regard. Ouf, sauvé ! Mais tout à coup, j’entends derrière moi.

- Man !!!

    Je me transforme en statue de sel, écarquille les yeux, et me retourne lentement.

- Euh, me ?

-Yes yes, man ! fait le chef, en passant sa langue sur les lèvres et en me scannant de mes Converse à mes cheveux. J’aperçois un tatouage tribal sur son épaule, épaule qui fait la taille de mes cuisses. Le quatuor sauvageon s’approche lentement de moi, tandis que j’écarte bien les bras pour montrer que je ne suis pas armé. I come in peace quoi !

- Euh, hi ! leur lance-je

- Man, where do you come from, man ?

- Euh, I’m French dis-je en souriant.

     En général, déclarer cette phrase fonctionne très bien auprès des blondes californiennes. Mais auprès de gangs nocturnes en milieu urbain, je redoute une réaction divergente.

- Waouh vous êtes grand! enchaine-je naturellement.

- WHAT ?

- Euh, you are tall hein!

- WHAT ??!

- Don’t worry, I come in peace, I come in peace hein! France, country of les droits de l’homme hein. Peace and Love, John Lennon. Don’t hurt me!

- Man, I think you’re insane !

- Do you know France   ?

    J’entame la conversation ! Là, perdu au centre ville de Los Angeles, l’endroit le plus dangereux des Etats-Unis, face à un groupe de quatre personnes visiblement pas très tendres !

- What ?

    Il se tourne vers ses camarades, se gratte le menton.

- What ? I heard this once, on Discovery Channel !

    Quelle réponse sensationnelle. Je ne peux pas la noter, faute de stylo ou autre attirail de Juju le Pigiste.

- Cool! Great!  réplique-je.

   Il s’approche de moi, je lève la tête car mon visage goûte le froid de ses chaines en or façon Mr T. Il écarte et baisse les yeux vers ma tête de journaliste.

- Are you lost, man ?

- Well, euh, yes, kind of, euh, yes !

    Puis ses camarades et lui m’indiquent le chemin et m'escortent jusqu'au métro ! Et me saluent en me souhaitant bonne chance !

    Encore surpris par cette réaction, je dévale les rues en direction de la bouche de métro de Los Angeles. Personne n’emprunte ce mode de transport à LA. Flambant neuf, modéré, et climatisé. C’est pour ça qu’on y tourne plein de films. Je suis seul dans la rame qui fuse en silence. Arrivé à la station, je tire par mégarde sur le signal d’alarme, que je prends pour la manette d’ouverture de la porte. C’est une grosse boule à tirer, mais pas indiquée. Rouge certes, mais sans « alarme » marquée dessus ! Le métro s’interrompt. Je m’éclipse discrètement et me réfugie dans un Denny’s, restaurant ouvert 24h sur 24h. Je commande un brownie au chocolat, que j’éponge de glace à la vanille. Le choc thermique dégage de la fumée à l’odeur savoureuse. Il est 4 heures du matin.

    Plusieurs jours plus tard, à l’aéroport, je me rends compte qu’être en apparence un parfait WASP revêt un avantage certain. Sous le portique de sécurité, je sonne.

- This is your belt Sir ? me questionne un homme à pistolet greffé à sa cuisse comme Robocop.

- Yes it is ! lui réponds-je penaud en pointant ma ceinture, tandis que son berger allemand m’expose ses crocs.

    Et il me laisse passer sans me fouiller ! Nous sommes largement après le 11 septembre 2001. Encore plus inquiétant : juste avant d’embarquer, au kiosque à journaux, des lames de rasoir Gillette G3 sont en vente. Totalement surréaliste, et alarmant. Je repars, serré entre deux Allemands à moustache sur la partie droite de l’avion, mais en apercevant dans les nuage le visage des membres du gang. Voici comment on se fait des contacts, dans le journalisme. Je saurai qui biper en cas d’émeutes dans le WATTS à Los Angeles ! See you soon, loving gang !

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14 avril 2007 6 14 /04 /avril /2007 01:53
                                 

     J’appuie sur Play, les mélodies de When Rock and Roll Dreams come true de Meat Loaf investissent ma salle de bain blanche. Dehors, la neige et le froid sur fond de ciel couleur gaz d’échappement s’allient pour figer le mercure. Je les nargue à travers mon double vitrage. Le chauffage situé à deux centimètres de ma tête me réchauffe la nuque. Le plus dur reste de coller mon dos à la paroi glacée de la baignoire. Je prends un bain bien chaud qui apaise mon corps de journaliste, qui le nettoie. Qui le purifie. Oui, il faudrait pour cela plus qu’un bain saupoudré de poudre moussante, je l’avoue ! Je garde les bras parallèles au corps, sous l’eau. Au bout d’une heure de Grand Bleu, le bout de mes doigts sont fripés comme les fesses d’un vieillard. Je me réfugie dans un énorme peignoir molletonné. Meat Loaf me sort par les trous de nez, après l’avoir écouté en boucle dans ma baignoire. Je coupe le lecteur. Dans la cuisine, je débusque une boite de Pépitos chocolat noirs, les meilleurs, un sachet de tisane, de l’eau brûlante dessus. J’allume la télé, L’Evadé d’Alcatraz avec Clint va débuter. Le générique apparait. Yeah, Clint Clint Clint, ouaiiiiis !  Le téléphone vibre. Une fois. Puis deux. Appel masqué. Un Pépito encore coincé entre mes dents, je décroche. C’est Charlie.

- Allô Juju ? Oui tu dois aller couvrir la sortie vélo de décembre.

- Hein ? Euh c’est quand ? fais-je en croquant un Pépito chocolat noir.

- Ce soir.

    Je m’étouffe avec mon Pépito, me brûle l’entre jambe avec ma tisane qui tangue. Mais me reconcentre immédiatement par réflexe journalistique. Comme lorsque le médecin vous tape sur le genou. Je me lève, considère le paysage dantesque à travers la fenêtre.

- Très bien Charlie, je file !

    Je digère mon Pépito, fous de l'eau froide dans ma tisane pour la rendre tiède et l’ingurgiter cul sec. J’endosse la panoplie de Juju le Pigiste, affublée cette fois-ci d’une écharpe et de gants pour protéger mes petites mains délicates de pigiste. J’endors avec chagrin la télé alors que Clint s’apprêtait à foutre une taule à un mec dans une douche de la prison, qui lui demandait de ramasser un savon. On ne la fait pas à Clint.

     Boum ! Dehors, le froid s’affale sur moi comme lorsque que l’on ouvre un frigo du rayon surgelé dans un supermarché en plein été. Les passants, dans la pénombre qui s’impose, semblent figés, comme un gigantesque Musée Grévin en extérieur. J’aperçois même du gel au bout des poils des chiens et leur haleine toute blanche ! Je prends d’ailleurs le tout en photo, cela pourrait faire un petit encadré insolite marrant. Mon esprit journalistique me rappelle à l’ordre : qui peut organiser une sortie vélo pour des journalistes, par un froid glacial, et le soir après Julie Lescaut ? Cela veut dire qu’on veut se débarrasser de quelques journalistes en toute discrétion : un seul responsable, la confrérie municipale ! Je les vois d’ici dire « Hein, mais vous savez, s’il est tombé malade, c’est parce qu’il ne s’est pas protégé, en aucun cas c’est la faute de la ville et du maire. »

      Je déboule frigorifié, les lèvres sèches comme du saucisson, près du fleuve (un des plus grands de France…). Près du quai, Monsieur le Maire accueille les journalistes et des citoyens tirés au (mauvais) sort. Emmitouflé dans une doudoune à l’effigie de la ville, son souffle glacé pénètre les oreilles des premiers arrivés, collés sur la scelle de leur vélo estampillés eux aussi de l’effigie de la ville. Il se dirige vers moi, et me prend en aparté municipal qu’il maîtrise bien.

- Voyez, Juju le Pigiste, nos vélos fonctionnent même en plein hiver, admirez la tenue des pistes cyclables, vous allez voir ce que vous allez voir, c’est de la piste cyclable nouvelle génération ! Vous pourrez l’écrire dans votre article !

- Vous voulez dire, les pistes sont chauffées et tout ?

- Euh non, c’est les pneus de nos vélos, fabriqués en Suède, qui sont résistants…

- Aussi résistants que les meubles Ikéa, de Suède aussi ?

   Monsieur le Maire et ses joues roses changent de mine. Il détourne le regard, et sourit à ses administrés.

- Merci, merci d’être venus ! Vous en aurez, de quoi raconter aux conseils de quartier ! Que je visiterai sou peu d’ailleurs !

    Son sous-fifre à lunettes embuées lui chuchote quelque chose à son oreille transie. 

- Enfin euh, quand nous aurons aménagé notre emploi du temps. Messieurs, Mesdames, enfilez vos casques, vos moufles, sanglez bien vos petits enfants sur leur siège, et allons-y ! C’est parti !

    Monsieur le Maire part en tête à la vitesse d’un bouchon de champagne. Je serre le guidon, cale mes pieds dans les pédales de mon vélo prêté gracieusement. Je fixe l’entité municipale qui devient presque minuscule. Je fonce ! Je découvre alors une forme d’interview ubuesque. L’interview à vélo. Jamais enseignée nulle part ! Premier vélo croisé, premier témoignage, un résident de l’arrondissement dont les cheveux chauves luisent sous la pleine lune et dans lesquels se reflètent les phares éclairés à la dynamo de la quinzaine de vélos. L’homme pédale vite par Toutatis !

- Je suis retraité, j’ai tout le temps de rouler, et de m’améliorer !

- Mais est-ce que vous…ho mais attendez roulez moins vite ! J’ai une question, je suis journaliste !

    Putain mais je ne travaille pas à Stade 2 !! Je ne suis qu’un humble pigiste ! J’accélère le mouvement, rattrape le retraité et parviens à lui soustraire quelques remarques pertinentes à insérer dans l’article afin de le rendre plus vivant. Je mate les lumières de la ville qui défilent à toute allure, somptueuses, presque factices. Je frôle la roue d’une jeune femme, m’en excuse, et entame la discussion. Nouvelles remarques, moins pertinentes, mais notées dans ma tête. Un journaliste doit avoir une bonne mémoire : en cas de panne de stylo, de cahier, de MP3, c’est salvateur… J’aperçois le peloton municipal, le postérieur du maire, que je talonne à présent. Je pédale, je pédale, je pédale ! Je transpire dans mon écharpe qui me colle et m’étrangle. J’arrive à hauteur du vélo du maire. Je le dépasse, je deviens le premier. Un journaliste en tête ! Leader d’une opération municipale ! Je sens Monsieur le Maire déstabilisé, mais futé :

  - Ah ah ah, vous voyez cette magnifique ville, à vélo, comme elle rend encore plus belle ! Arrêtons nous !

    Car on pédale depuis une demi-heure, avons traversé la moitié de la ville en évitant plusieurs voitures : les sites cyclables dans cette ville ont une fâcheuse tendance à traverser des rues spéciales quatre roues. Mention spéciale à cette piste cyclable au milieu de laquelle trône une borne ! Je la prends d’ailleurs en photo et en parle au Maire.

- Nous allons arranger ça ! me lance-t-il. Il nous convie vers un point repos niché dans le grand parc de la ville. Du thé chaud, des biscuits nous attendent. Pas de Pépitos cela dit. Monsieur le Maire ne connait pas encore mon point faible.

- Je vous laisse, je dois accueillir le maire de Philadelphie ! A bientôt Juju le Pigiste ah ah ah aha aha aha aha !

     Et Monsieur le Maire de nous abandonner sur place comme de vulgaires bonhommes de neige. Il disparait dans la pénombre, fier d’avoir d’une part assuré un article original et mélioratif sur la politique cyclable de la ville et de l’autre, d’avoir laissé se pétrifier dans le froid l’entité journalistique que je représente.

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3 avril 2007 2 03 /04 /avril /2007 00:49

                           

 

    - Non mais oh, arrêtez, on ne touche pas à Juju le Pigiste !

   - Vous vous la jouez Alain Delon ou quoi ? Laissez-moi vous examiner…

     Quand le courant ne passe pas entre le journaliste et son interviewé, quelle horrible et douloureuse impression. Cette sensation « s’appelle conne » ils pourraient dire dans la pub. Comme si vous n’étiez pas à votre place, que vous vous étiez gouré de sujet, que vous voudriez vous téléporter à la Star Trek, sur un autre lieu journalistique, et rapidos. Ou atterrir peinard sur un banc et balancer les miettes de votre sandwich Dauna à des pigeons obèses, qui vous fixent de leurs yeux louches.

     - Mais vous venez de m’arracher des poils de nuque là !

     - Ah mais c’est ça le relooking ! s'exclame la relookeuse.

    Voici le sujet que Charlie a approuvé sans hésiter : l’explosion du relooking en cité urbaine pour population relativement aisée qui ne se nourrit pas au Kebab du coin. A la rédaction, personne n’a voulu jouer le cobaye pour mon article. J’ai beau demander à Gaby Potter, qui lui s’est pourtant investi à corps perdu quelques semaines plus tôt dans un article sur le bronzage intégral en cabine de douche. Ses fesses sont apparues en photo haute résolution page 12 ! Il me décline la proposition, non sans me préciser quelques astuces journalistiques.

     - Investigation mec, investigation, immersion dans le sujet, enquête journalisme, reeeepooortiiing, reportage quoi ! Watergate, Washington Post, yes !

     Euh, merci. L’autobronzant semble avoir infiltré ses synapses. Jamais je ne montrerai mes fesses pour assurer un idéal journalistique. Dédé la pigiste, qui a repéré mon manège, ne daigne pas m’accompagner.

     - Tu veux faire du relooking ?

     - Pourquoi ?? Tu crois que j’en ai besoin ? 

     Une belle croix dans mon cahier à boulettes. Demander à une fille de venir se faire relooker…elle vous relookera le visage à coups d’ongles.

     Me voici donc seul, bien décidé à passer à la casserole pour produire un article béton, dans cette petite boutique à l’odeur de noix de coco, de pastèque (oui ça sent pas trop mais bon), de mangue, d’abricot et de yorkshires mouillés. Car une cliente BCBG s’y réfugie après une averse, et ramène son chien trempé qui sèche à côté de moi en me reniflant les pieds.

     -Ahhhh mais qu’est –ce que c’est que ce truc ?

    Une loupe électronique affiche une image ubueque sur un écran devant moi : mes bulbes de barbe intimes en cinémascope ! Telle une échographie, s’affiche mes poils de visage (on en a tous, même les filles !), puis ceux du nez, qui ont la taille à l’écran de roseaux d’Alabama !

     - C’est dégueulasse ! m’écrie-je.

     - Un petit décapage est nécessaire…

    - Ben en fait non, j’aurais bien voulu, mais mon œil journalistique aperçoit le mot 80 euros pour le décapage, là sur votre écriteau. Or je ne suis que pigiste, donc les notes de frais, en clair, je peux m’asseoir dessus et implorer les mouches pour me faire rembourser.

   Mine déconfite de la relookeuse. Elle accélère le mouvement, tandis qu’une cliente à cheveux jaunes et culotte de mammouth s’extirpe de la cabine d’UV. Bianca Castafiore en vrai. La relookeuse déploie une artillerie de tissus multicolores d’un coffre de pirates et me les colle sous le nez.

    Le rouge ? Non. Et le noir ? Non. Pas de Juju Sorel, juste Juju le pigiste ! Le bleu ? Non.

   - Mais ça oui! me crie-t-elle. Elle me file un costume gris argenté façon cosmonaute Apollo 9.

   - Jamais je ne mettrai ça ! A part la nuit pour changer un pneu sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute…

   - Ah mais vous y mettez de la mauvaise volonté aussi !

   Je sors ma carte vengeresse pour qu’elle file droit : la promotion.

   - Ecoutez, j’ai d’autres relookeurs qui se saigneraient les veines au rasoir Bic pour que je leur concocte un article, je crois que je vais aller les voir ! lui lance-je en me levant, encore affublé de ma combinaison spatiale et fixant l’horizon de la rue, en clair une agence d’assurance.

   Nouvelle métamorphose éclair de son expression faciale ! Miracle journalistique ! Elle troque son ton hautain contre un timbre de voix doux comme la brebis de la pub Chavroux ou l’ours Cajoline.

   Je profite de l’instant pour lui asséner des questions originales à la Juju le Pigiste sur les politiques les mieux habillés, ceux les moins bien fagotés, et ceux qui devraient passer au scalpel du relooking. Jospin passe très vite à la trappe « Quelle horreur ses costards, franchement !», Robert Hue est crucifié, pour elle le meilleur, à ce niveau là, c’est Jean Marie Le Pen et surtout Chirac qui séduit pas mal.

   - Mais bon ce n’est pas ça qui jouera aux élections dans X ans ! soupire-t-elle.

    Ah bon, vraiment…

   Je prends congé de ma relookeuse nazie, de ma Castafiore au visage orange, et me précipite à la rédaction.

  - Alors tu t’es fait relooké ? Qu’est-ce que t’as fait à tes cheveux ? Ah oui c’est plus sympa !

  La rédaction féminine me passe leurs mains dans mes cheveux new look. Charlie s’en passe.

  - C’est plus sympa, c’est plus sympa certes, mais le bouclage lui, on ne relooke pas hein, c’est toujours à la même heure, alors fais moi tes 5000 signes + un encadré de 1000, et tes photos elles sont comment les photos ? Les photos hein ????

   Un rédacteur en chef ne peut pas passer vingt minutes sans prononcer le mot « photos ». C’est journalistiquement impossible. Je lui dégaine mes clichés de poils de nez grossis à la loupe magique : c’est cette photo qui passera ! Le triomphe de Dame Nature sur le journalisme !

 

 

 

 

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30 mars 2007 5 30 /03 /mars /2007 18:01

- Allô Juju le pigiste ?

- Oui c’est qui ?

- J’ai trouvé ça...

- Oui c’est qui ?

- Mets les en ligne sur ton site, c’est une bombe !

- Oui c’est qui ?

- Mets ces clichés sur ton site, des photos révélant le passé trouble de François Bayrou, sans intervention divine de Photoshop...

- Mais c’est qui sinon ? Allô?

BIIIP   BIIIP  BIIIIP

   

 

 

 

 

 

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28 mars 2007 3 28 /03 /mars /2007 15:58

              

     La pluie se fracasse contre la grande baie vitrée de la rédaction. Je mate la fille de l’accueil. Elle me mate. Je tourne le regard et retourne travailler. Surfer sur Google. Il reste deux heures, je dois trouver un sujet pour demain. Un sujet original, bien sûr. Je vais titiller l’inspiration au contact des vibrations de la machine à café. Elle me balance un espresso transparent arôme jus de chaussette. La pluie s’abîme toujours sur le toit du bâtiment. Je contemple le sommet enneigé de la montagne. En fait il n’y a pas de montagne, mais j’imagine ! Rien que le tumulte de la rue et des tramways noyés sous les ondées. Des éclairs bleus jaillissent de leur toit. Les journalistes sportifs du quatrième, avec leur mégot greffé aux lèvres, me croisent et rigolent.

    - Ah ah ah ah, alors Juju le pigiste on cherche un article ? Ah ah ah !

    Ils écrasent leur cigarette dans mon gobelet en plastique ! Facile pour eux de trouver de l’actualité ! Entre dopage et compétition, ça tombe sur leurs ordis comme les pellicules de l’un d’eux sur son costard. En pagailles!

    Alors je déambule dans les archives, caresse le labrador planqué sous le bureau d’un journaliste. Mes doigts noircissent à force de tourner les pages jaunies des journaux en hibernation aux archives. Je tombe sur un de mes articles consacrés aux célibataires. Sur la photo, un homme baraqué. Je pense strip tease. Je pense originalité. Je pense article à haute valeur ajoutée !

     Je retourne en trombe au bureau en manquant de faire tomber une stagiaire. Charlie est à son poste dans son bureau, me montre sa montre et tapote le cadran de l’index. Puis il pointe deux doigts vers moi, en forme de revolver, et tire ! Il souffle sur ses doigts, puis rigole, avant de saisir son téléphone. Je fouille dans ma besace de contacts. Je le sais, je le sens, il va me sauver. J’appelle Brian le strip-teaseur, dont j’ai fait le portrait il y a peu. Je compose le numéro de sa carte de visite bardée de paillettes.

     - Allô Brian ? Oui ? C’est Juju le pigiste ! Ah oui c’est gentil, mais bon je sais pas si je pourrai venir. Je vous appelle pour autre chose. Vous m’aviez parlé d’un ami à vous qui effectue des strip tease originaux ?

    - Vous voulez parler de Grogro Dancer ?

    - Oui voilà !

    - Attendez je vous file son portable. Saluez-le de ma part.

    Le strip tease est une grande famille. Je le remercie et raccroche. Je surfe sur le site de mon Grogro dancer. Sacrebleu!!! Il est censuré par les informaticiens du groupe. Je file au quatrième, harceler les dits barbus.

    - Allez, décensure le, j’sais pas, fais comme dans 24 heures quoi ! C’est une question de vie ou de mort.

    - Bon ok dit-il en posant son Cacolac sur son tapis de souris à l’effigie de Demi Moore.

    Il tapote deux touches.

   - Voilà.

   - Déjà ??

   - Ben oui c’était facile, il m’a suffi de désindexer et de reconfigurer en bêtasystème l’arborescence XP prime des fichiers et de la racine Basic, le tout en Dos, sans indexation  hypertexte et…mais où tu vas Juju ??? ».

   - Meeeeerrciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!! Je suis déjà parti aussi vite que Bip Bip. Retour à mon clavier.

    Je compose le numéro et tombe sur une messagerie vocale. « Gro gro dancer est absent, mmmmmmm, rappelez le, mmmm oh ouiiiii !!!! BIIIIPPP » énonce une voix féminine d’une actrice très connue de film X. Dédé la pigiste et Paulo le Scribo, et tout l’étage se focalisent sur mon haut parleur que je coupe immédiatement.

   - Euh..hem…quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Je bosse moi ! Bon d’accord c’est peut être pas l’affaire du Watergate mais moi aussi j’ai mon Gorge Profondes !

   Ils rigolent. On rigole souvent dans une rédaction. Toujours même.

  Je laisse un message de détresse journalistique.

  - Allô Grogro ? Il s’agit toujours d’une question de vie ou de mort ! Enfin de bouclage. Il faut que je fasse votre portrait, car vous êtes assez cocasse.

  Gro Gro me rappelle cinq minutes plus tard alors que je fais les cent pas devant Charlie les jambes sur son bureau et plongé dans des histoires de rédacteur en chef.

  - Allô c’est Gro gro dancer.

  Il me raconte sa vie, son œuvre, je télécharge une de ses photos, où il effectue un strip tease devant une foule médusée par ses formes on ne peut plus généreuses. 120 kilos au compteur. Il me raconte comment ses parents n’ont pas tout de suite accepté sa vocation. Ensuite, il me précise qu’il laisse les complexes en coulisses, et me confie qu’il est heureux de revenir sur scène après une longue maladie. Bingo, un article original+ émotion+ sentiments. L’article ne passera pas inaperçu. Alors tous en cœur, merci, Grogro Dancer.

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21 mars 2007 3 21 /03 /mars /2007 00:15

                          

     « Monsieur le Maire, Totobulle souhaite vous parler. Totobulle désire vous questionner sur les crottes de chien trottoir Malleray dans le BIIIIPème. Après ce sera au tour de Dark Moumoute et Fashion Fucker, euh Fashion Lover».

     Monsieur le Maire déglutit, dénoue sa cravate et enfonce son postérieur transpirant sur le gros fauteuil en cuir, installé pour l’occasion face à l’écran d’ordinateur.  Séance tchat avec Monsieur le Maire, branché technologie! Face au webmaster barbu, il lance sa réponse en souriant.

     « Oui, je suis heureux que vous me posiez la question, c’est une tâche qui me tient à cœur. Le problème des déjections canines sur la voie publique demeure le point décisif de mes prérogatives, notamment en ce qui concerne mon action à mener. Sans oublier qu’il s’agit là d’une priorité importante, délicate, et cruciale. C’est un sujet sur lequel je souhaite me pencher, étudier, et résoudre.  Et je… ».  Le jeune homme tapote rapidement sa réponse, mais s’écarte de l’écran et balbutie :

     « Euh…Monsieur le Maire… moins vite…moins vite…n’est-ce pas…euh…hein»

     «Ah oui, pardon. C’est génial, d’être aussi près de ses concitoyens, tout simplement génial ! Oui oui vous pouvez noter » me lance-t-il de son regard municipal. Je jette un coup d’œil à l’ordinateur central relégué dans un coin. La machine est si grande que j’ai l’impression d’être confronté au robot de 2001 l’odyssée de l’espace. Je m’attends à ce que la machine me parle. Elle me lancerait des

   « Juju le pigiste, identification correcte. Terminé.»

Puis je m’engagerais dans une conversation virtuelle,

   « Machine, l’atmosphère est-elle respirable ? Réponds !»

   « Négatif, négatif,  atmosphère municipale détectée…fin de transmission, veuillez évacuer le vaisseau, autodestruction dans H moins quinze secondes ».  

     « Ne touchez pas ! » me précise un autre barbu informaticien, tandis que je suis sur le point de tâter un peu la souris du cerveau électronique. Retour dans la réalité. C’est là que je vois les questions des internautes arriver en direct. Mais, dispersées dans le flot de questions, surgissent des interrogations délicates, pouvant froisser le maire, sans oublier insultes et autres injures pimentées. Par miracle, les questions apparaissant sur l’ordinateur du maire sont édulcorées, choisies, triées, classées.

     « Erreur, erreur ». Là c’est la machine du webmaster qui voit rouge.

     Car justement une question non prévue s’affiche à l’écran du maire. La figure de celui-ci devient rouge comme l’URSS. Ses yeux s’écarquillent. La question, en question : « Monsieur le Maire, la taille de votre BIIIP est-elle proportionnelle avec les bénéfices de la ville, en l’occurrence très réduits ? ». De la vapeur sort de ses oreilles. Mais au lieu de prendre avantage de la situation et de lâcher une réponse du style « Les bénéfices de la ville sont énormes », il me jette un regard méphistophélique, et s’empresse de dire au webmaster, « Euh, je crois qu’il y a une erreur là,  un ‘’bug’’ comme vous dites ? ». J’ai encore des fous rires en imaginant le mec chez lui tapoter cette phrase, ne se doutant pas qu’elle surgirait dans la sphère privée municipale.

     Le webmaster transpire, et tapote de toutes ses forces pour corriger l’erreur, en faisant oui oui avec sa barbe.

     « Vous allez noter non n’est-ce pas ? Ca vous amuse hein ? » me demande le maire en épongeant son front ruisselant avec un mouchoir. Je fais oui de la tête.

     Fin de la séance. « Je referai l’expérience ! » balance le maire en se levant, et en ayant pris soin de dire à son attachée de presse d’oublier par inadvertance de me convier pour la prochaine fois.

     Le responsable des télécoms me prend à part, « Fallait pas toucher Monsieur, faut pas toucher. Jamais toucher ! ».

     « Le Monsieur, il est journaliste » fais-je en lui montrant ma carte et en l’orientant de façon à que le soleil majestueux qui transperce la baie vitrée lui brûle les yeux. Tiens, prends ça en pleine rétine. Ebloui par le journalisme !

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15 mars 2007 4 15 /03 /mars /2007 15:18

                                

 

 

     J’écoute Bon Jovi à fond dans mes oreilles tandis que je file vers Sciences Po. Oui, tout le monde a ses tendances obscures, je le confesse (je parle de Bon Jovi pour le coup). La chanson me fait oublier les crottes de chien en sorbets qui investissent le trottoir, et me transporte sur la Highway 101 en Californie, les cheveux longs au vent, en criant… « Alwayyyyyss ».

     Je débarque à Sciences Po pour y suivre un cours. Pardon, une « Conférence de Méthode » comme on dit là-bas, c’est plus classe. L’entrée est en effervescence, hors période d’examens ou de manifestations, synonyme de phénomène ubuesque en cours. Un débat politique a lieu ici ! Ni une ni deux, je fonce aux toilettes pour me transformer en Juju le pigiste, sortir mon appareil photo et tout le toutim. Et ingurgiter un coup d’eau rapide la tête à l’envers sous le robinet. Mais j’entends un cri de soulagement, de plaisir derrière moi. Je fixe le miroir et me frotte les yeux. Là, face à un des urinoirs immaculés et recouverts de petites annonces, en train de couler un bronze, le numéro deux d’un des quatre grands partis politiques de l’Hexagone ! Le représentant d’un parti très connu, justement en train de s’occuper de sa partie la plus intime. Un politicien est donc un être humain, constitué de chair et de sang, ça j’en ai la certitude à présent. Compte tenu du son proféré et de mon esprit de pigiste mal tourné, j’ai d’horribles doutes quant à la nature de l’action qu’il est en train d’effectuer. Je me dirige vers l’urinoir à côté de lui, et me rassure en entendant un son limpide, classique et naturel d’écoulement liquide. En cas contraire, j’aurais déjà vu le titre, « Mr X se branle à Sciences Po !».

     L’instant reste tout de même saisissant. L’homme me remarque et commence à me livrer très gentiment sa vision de la campagne, tandis, désolé aux âmes sensibles, qu’il s’égoutte au dessus de l’urinoir. Il fixe le mur blanc devant lui et me lance, « Je vous le dis, il va y avoir un sursaut des Français, et une grosse surprise. Il le sait de toute façon, et il ne fera rien contre. Non, vous croyez pas hein ? ». Il tire la chasse, en disant « Oh oui, une grosse surprise à l’élection, ils vont tous être sur le cul, mais bon c’est le jeu !». Les urinoirs favorisent la discussion. Un phénomène typiquement masculin. Un endroit où tout le monde a un pied (ou autre chose) d’égalité, que ce soit le numéro deux d’un grand parti politique ou un humble et honnête pigiste.

     « Je peux vous prendre en photo ? Dehors naturellement ! »

     « Ah bon vous êtes journaliste ? Putain mais vous êtes jeune !».

     « Ben oui, un journaliste fait aussi pipi, c’est un être humain avant tout, même si parfois vous en doutez »

     Il franchit ma sphère privée, en l’occurrence à moins de vingt centimètres de mon nez, et me dis d’une haleine en harmonie avec l’endroit,

     « Mais bon hein tout ceci est OFF hein. N’allez pas écrire que je pisse sur les Français, ou une connerie dans le genre. C’est OFF hein ? Ok ? Vous travaillez pour L’Express ? »

     « Ben euh non, pour le Journal X ».

    Qu’est-ce que cette histoire de L’Express ?! Voici la deuxième personne à croire que je travaille pour L’Express. Peut-être un sosie là-bas…C’est surtout pour Ma Pomme Magazine que tu travailles quand t’es pigiste oui. L’homme-politicien tire les manches de son costard afin de se laver les mains. Plus de savon, comme souvent.

     « Bon ben tant pis ! » dit-il en nouant sa jolie cravate et examinant dans le miroir ses trous de nez.

     Puis il retourne à l’urinoir et retire la chasse car tout n’est pas parti. Histoire de bien récolter quelques millions de bactéries supplémentaires. Les journalistes me voient sortir en train de rigoler avec le numéro deux d’un grand parti : ils me fusillent du regard. C’est interdit de pisser avec un homme politique ?

     Puis voir le numéro deux, les mains encore infestées de bactéries, serrer les mains des participants aux débats, de ces adversaires, me fait sourire intérieurement !

    Mais je me vois l’accès refusé à la salle du débat. Moi ?! Un représentant du peuple journaliste ?! A l’époque, je n’ai pas encore en ma possession ma carte de presse. Je me transforme en Hulk, intérieurement bien sûr, car en vrai je suis aussi blanc qu’un flash d’appareil photo et aussi épais qu’un roseau OGM. Le vigile me regarde de haut en bas. « Je suis le fils de X » lui dis-je en indiquant au pif et du menton le groupe de débatteurs. Il me laisse entrer !

     J’assiste au débat, branche mon lecteur MP3, prends des notes, mate une scripte super jolie, joue avec mon chewing-gum en le collant sur mon palais, regarde le plafond et y aperçois une armée de cartouches d’encre vides collées avec du papier mâché. Un peu surpris de voir ce genre d’amusements à Sciences Po…

     Mon homme-politicien, et ses congénères, entonnent leur discours robotisé. Même si je préfère la version « toilettes » du discours, j’avoue que le personnage m’est très sympathique. Première victoire du côté obscur sur l’innocent Juju le Pigiste… A la fin de la bataille de postillons, les candidats se lèvent, se serrent les mains. Je me focalise spécialement sur la main de mon politique des toilettes. Deux, trois, quatre, cinq, six ! Des poignées de main par dizaines ! Jamais vu un politique aussi proche du peuple : la preuve, il leur confie ses bactéries ! Quelle générosité. Je préfère machinalement lui faire un signe de la main, par précaution et aussi en souvenir de notre rapprochement urinaire. Car aujourd’hui, plus vraiment de chances que l’on partage les mêmes toilettes…Mais au moins aux prochaines élections, je sais que je devrai me laver les mains avant de prendre les bulletins et voter. Ou après ?

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27 janvier 2007 6 27 /01 /janvier /2007 22:03
                                      

 

 

                              

« Bienvenue Juju le pigiste ». Un bonheur simple, fait de plantes et de tranquillité me tend les bras. Une journée ensoleillée à deux enjambées d’un fleuve, sur une péniche. On m’avait envoyé couvrir, du moins faire son portrait, le gagnant de la péniche fleurie. Arrivé au port, je ne l’aperçois pas tout de suite, car la dite péniche est ensevelie sous des myriades de fleurs colorées, de plantes et autres artefacts végétaux. Il me faudrait un dictionnaire de latin pour savoir ce que c’est. J’appuie sur la sonnette, un chien répond. Ce sont toujours les chiens qui répondent avant leurs maîtres, ils entendent la sonnette, aboient, un chien c’est l’écho d’une sonnette. Un homme d’une quarantaine d’années, baraqué, en débardeur, sort me saluer.

C’est un endroit qui ressemble à la Louisiane , et c’est joli. Y’a plein de plantes, y’a plein de chiens, il ne manque rien. Des rosiers, des orchidées, une serre, un arbre tout vert, une plante grimpante, on se croirait dans le dessin animé Jayce et les conquérants de la Lumière , sauf que les plantes sont ici inoffensives. Composant le tableau, deux propriétaires heureux, Didier et Alex. Embarqués sur le même bateau depuis 1998, le couple ne changerait d’endroit pour plein au monde. Avec Pitch et Chloé, leurs toutous, ils sont à mille lieux de l’image somnolente des péniches dépeintes dans L’Homme de Picardie. Un vrai nid douillet à l’intérieur : du parquet, des fauteuils en cuir, digne du repère de Fantômas.

Ici tout est à la fois normal et magique. Chaque année, ils remportent le prix de la péniche fleurie. Les deux chiens sautent sur mes jambes et me collent leur truffe mouillée sur le bras. On m’offre un café, à la température idéale conservée par les rayons du soleil. Le silence complet, à douze mètres d’une rue pourtant pleine de tarés. Les animaux ne s’y trompent pas non plus. Alex me dit qu’il aperçut une tortue un jour, juchée sur un tronc d’arbre, impassible, majestueuse, sa carapace capitaine de ce morceau d’arbre dérivant sur l’eau vers on ne sait où. Car c’est fier, une tortue. Ils chouchoutent aussi une constellation de tomates d’un rouge envoûtant, « pas assez pour survivre si on est attaqués ! ».

Je les prends en photo, leur dis au revoir, les salue de la main tandis qu’ils disparaissaient sous leur paradis végétal. Ils se tiennent par la hanche. En partant, sur le pont, je distingue quelques graffitis effacés, mais je parviens à déchiffrer l’un d’eux, tout frais, « La péniche des PD, cassez-vous ». On était en France, après l’an 2000.

 

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25 janvier 2007 4 25 /01 /janvier /2007 15:09

Avant qu'il ne devienne Juju le pigiste, Juju était étudiant à Sciences Po. Il vous invite à plonger dans son passé obscur, en attendant de découvrir une nouvelle de ses aventures...

Dis papa, c’est quoi un IEP ? 

 

 Si un beau jour je dois affronter cette impitoyable question, je prie le ciel de dresser devant moi une bouteille de lait salvatrice …

 

 On m’a dit un jour, enfin non, c’est carrément écrit sur la brochure : un IEP, c’est un lieu pour développer votre propre potentiel. Chouette, la voie sacrée vers la place Beauvau, une sorte de stage façon Guerre des Etoiles, un lieu rempli de maîtres Yoda nous apprenant la Force intellectuelle, un lieu de maturation professionnelle. Tu parles, rien de tout ça, c’est plutôt  une indigente contrée de véritable régression intellectuelle, culturelle, et surtout sociale. Après avoir écopé d’une peine de trois ans, je me gratte toujours le cul pour le trouver mon potentiel, décidément mieux enfoui que la momie de Ramses II.

 

 Le plus difficile dans ce qui suit est de classer les événements que j’ai rencontrés dans cet endroit. Une tâche si compliquée que j’ai décidé de balancer dans le désordre les moments les plus croustillants, enfin les plus pâteux. Un IEP, c’est immobilis in immobile, le ground zero de la maturité, un retour en arrière constant, des élèves adeptes d’une éjaculation cérébrale…toujours stérile.

 

Les oiseaux

 

 Cet épisode est si ubuesque que peu de personnes le croiront en le lisant. Le lieu ? Le grand amphithéâtre. L’instant ? Une pause interclasse. J’entends un groupe de trois personnes discuter le plus sérieusement du monde derrière moi. Ils discutent… d’oiseaux. « Piou piou » tout ça (oui on a eu droit à une imitation de volatiles, je les imaginais très bien faire le mouvement des ailes avec leurs bras). Soudainement la fille du groupe aperçoit la lumière blanche au bout de son tunnel  cérébral: « Attends c’est quoi le nom du mec qui étudie les oiseaux ? ». Mes yeux se fixent derrière ma tête. Je me dis que c’est une blague. L’un d’eux répond d’un ton pas très sûr de lui,  « un oisologue je crois bien, je rigole pas ». L’autre, qui veut moins se mouiller, balance un « zoologiste » qui satisfait la demoiselle. Je me retourne et leur lance  « ornithologue » avec un sourire. J’aurais du dire ornithorynque quand j’y repense.

 

 Le conflit israélo-palestinien

 

 Messieurs les Israéliens et les Palestiniens, mais enfin que faites-vous ?! Vous avez un conflit qui traîne depuis quelques années ? Vous ne trouvez pas de solution, vous n’arrivez pas à vous en débarrasser ? Attentats suicides, désengagements, évacuations de colons, constructions de murs hauts de 60 mètres, roquettes, vous avez tout essayé et rien n’y fait ? Les élèves de l’IEP ont LA solution à tous vos problèmes territoriaux!! Redécoupage des frontières, théories politiques révolutionnaires, plans sur l’avenir,  jugements élaborés à des milliers de kilomètres de l’action,  la résolution à votre conflit se trouve dans presque chaque bouche d’un élève de l’IEP. A chaque détour de couloir, parfois même sous la machine à sécher les mains dans les toilettes…Je me demandais ce que certains fabriquaient à l’IEP. Ils perdaient leur temps les pauvres : ces Roosevelt de pacotille seraient bien mieux à la tribune de l’assemblée de l’ONU…

 

 De vrais spécialistes, qui néanmoins n’ont jamais mis les pieds en Israeltine. Vraiment, venez dans un IEP, c’est Shalom 24 heures sur 24 ! Vous êtes vraiment idiots les Israéliens et les Palestiniens. Dans un IEP, la paix est déjà prête, venez la chercher, qu’attendez-vous ! Avertissement : les effets secondaires de la paix sont toujours pareils dans un IEP, et riment souvent avec éradication de l’Etat d’Israël. Soudain je tressaille : euh, et si il y avait la paix ? « Putain mais qu’est-ce qu’on va faire, que vais-je faire de mon kéfier ?? T’inquiète on parlera du conflit en Irlande, putain mais non il y déjà un élève de l’IEP qui a convaincu l’IRA de déposer les armes !!! T’inquiète il y a toujours Al Qaeda. On trouvera toujours des raisons pour dire que les attentats de Londres, c’est la faute des usagers du métro et de Benny Hill, pas des gentils barbus qui pratiquent la religion la plus tolérante du monde. Ouf tu me rassures, t’imagines on aurait parlé de quoi ?? »

 

 Comique mort

 

Anecdote entendue dans un cours de ‘’philosophie’’…je ne sais plus comment mais une fille commence à s’interroger sur la « signification du comique ». En la voyant se questionner à en perdre ses cheveux gras, cette cruche répond sans s’en apercevoir à la question. Soudain elle demande, principalement à elle-même, « mais euh vous savez il y avait un comique, comment il s’appelait, ah la la ». Elle continue, « ah oui Thierry Furon, l’imitateur vous savez, qui s’est marié avec Coluche ». Le plus ahurissant c’est que personne ne bronche…je me serais bien levé lui donner une tarte dans la gueule…Rest in peace Thierry le « Furon ».

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