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30 juin 2007 6 30 /06 /juin /2007 00:20

Malgré les zéro mails s’enquérant de mon état de santé alors que j’étais au bord de la mort journalistique, je vous livre ci-dessous la suite des aventures de Juju au cirque (premieère partie ici http://jujulepigiste.over-blog.com/article-6833978.html). Tandis qu’il enquête sur la présence d’un cirque dans un milieu hostile et glauque, Juju se retrouve vite piégé par des prostituées brésiliennes hermaphrodites, sans compter sur de dangereux tigres journalistophages...

 

Non ! Ce n’est pas le destin d’un pigiste de finir lacéré par les canines d’un tigre ! Je ne veux pas faire ma Marie-Ange Nardi ! Nooooon ! Je clos les yeux, accepte le sort journalistique. Mais un coup de fouet claque dans l’air.

- Oh oh oh du calme du calme mes chéris !

Je rouvre les yeux. Je renifle l’haleine chaude et fétide du tigre scotché sur place. Il grignote les barres de sa cage. Devant moi se tient une grande forme longiligne affublée d’un tutu moulant à paillettes multicolores, et d’un bandana fluo. Sa main serre un fouet. Le dompteur ! 

- Bonjour ! Vous allez bien ? Je vois que vous avez rencontré Poumba !

- Euh, hein ? fais-je en replaçant ma pomme d’Adam.

- Poumba ! Elle vous aime bien !

- Enfin surtout la portion XS de viande que je représente !

- C’est pas grave, y’a une distance de sécurité entre la cage et l’arrosoir.

- Euh d’ailleurs Monsieur Dompteur le liquide par terre, c’est de l’eau hein, de l’arrosoir, c’est pas moi qui ai pissé de trouille dans mon Petit Bateau, je préfère prévenir. Vous savez les rumeurs ensuite, ça se répand aussi vite qu’une carrière de Lofteur !

- Le spectacle commence dans une heure, je vais vous faire visiter. Mais d’abord le repas de mes amours…

     Il saisit un seau qui déborde de morceaux de barbaques que je serais incapable de nommer. En tout cas bien rouges, sanguinolents, gras, et qui très vite annihilés par les griffes des félins dans un feulement diabolique.

- Venez je vais me changer dans la caravane !

- Hein ? Mais c’est pas votre tenue ça ?

- Pas du tout, ça c’est ma tenue pour m’occuper de mes tigres.

- Vous avez pas peur qu’ils vous chopent, vous transforment en Sheba de Luxe  ? En fluo comme ça ? Ils sont pas habitués aux vêtements des années 80 dans la jungle !

     Direction une caravane luxueuse, digne d’une caravane de star sur le tournage d’un film américain et de laquelle la ‘’star ne sort jamais car elle se la pète au lieu de fréquenter l’équipe technique qui pendant ce temps s’affaire’’.

- Tenez c’est pour vous ! me lance-t-il dans un grand sourire.

Il me tend une liasse d’une vingtaine de tickets VIP gratos.

- Euh merci, mais je serai seul ce soir…

- C’est valable tout le temps !

- Bon ben écoutez j’y vais alors, merci, j’vous revois dans la cage !

    Retour chapiteau. Cette fois, c’est fragrance popcorn et brouhaha d’une myriade de bambins assis sur des sièges avec leurs pieds qui touchent pas par terre. Une bombasse aux yeux lagon bleu et en bikini fait office d’ouvreuse.

- Par ici…

- Vous pouvez me le refaire, le regard ?

- Pardon ?!

- Euh, ma place c’est un numéro pair, par hasard ?

     Elle me prend la main et m’accompagne en place VIP tout devant. Comme les Grimaldi au Cirque de Monaco ! La pénombre débarque. Un cercle lumineux caresse les têtes des spectateurs en zig zags parkinsoniens. La musique retentit. Je redécouvre mon Monsieur Loyal parachuté sur la piste. A côté de ma case réservée, un monsieur à moustache examine mes chaussures et fronce le nez. Malgré un coup de Karcher, mes Converse empestent toujours la déjection éléphantine.

- Mais qu’est-ce qui peut bien puer comme ça hein ? lui demande-je en faux complice.

   Il acquiesce. Devant, Monsieur Loyal salue l’assemblée. Que le spectacle commence. Putain je suis sur le cul dès le premier numéro. Un chien qui parle. Un caniche blanc qui s’exprime comme vous et moi. Il débarque sur la piste. Et il parle ! C’est super bien fait ! Je crois que je vais me réconcilier avec le cirque. Numéro suivant, des acrobates roumains élastiques. Puis le directeur du cirque et ses tigres qui me reconnaissent. Je me fonds dans mon fauteuil pour qu’on ne me choisisse pas comme volontaire ! Et enfin des clowns. Ces abrutis me font rire ! Le cirque a bien évolué ! Place au tour de magie. Là par contre toujours le même truc. Un volontaire doit être « désigné » dans le public. Avec ma pomme ça va tomber sur moi !

    Le halo lumineux me frôle. Pitié…. Il stoppe sur Monsieur moustache à côté de ma loge. Les gens applaudissent.

Je lui chuchote, tandis qu’il se lève pour rejoindre la piste.

- C’est donc ça qui puait hein !

     Il me lance un regard méphistophélique tandis qu’il disparait dans un grand panier en osier. Je ne sais pas s’il est réapparu car je m’éclipse en catimini. L’article est à rendre pour demain, il est déjà minuit. En partant je fais signe à deux humains minuscules d’âge enfantin de prendre ma place tout devant. Je repars dans la nuit glaciale, des étoiles dans les yeux (c’est beau hein ?). Mon dieu, les étoiles. Je dois refaire le chemin à l’envers et recroiser les putes de début de soirée. Les camions sont toujours là, les bougies allumées, les pneus qui s’écrasent. Pas un travelo dans la rue. Déserte. Je me hâte vers le journal, car plus aucun transport en commun. 2h du mat, après une heure de marche, j’arrive à la rédaction. A l’étage, je tapote l’article. Soudain la porte grince, une SR du quatrième étage erre dans la rédaction, fronce les sourcils, puis sursaute en me voyant.

- Ah c’est vous qui devez faire l’article ? Le cirque ?

- Oui oui ça vient ça vient ! Tout prêt tout chaud!

- Ok très bien, mais…vous trouvez pas que ça sent la merde ?

- Hein, comment ça ?

- La merde, ça sent la merde, de chien on dirait !

- Et pourquoi pas de la merde d’éléphant tant que vous y êtes ? fais-je en tapotant sur mon clavier sans lui prêter regard. 

     Elle disparait vers les étages supérieurs. Je rentre chez moi vers trois heures du matin. Je m’engouffre dans ma couette Ikéa, non sans vérifier si un clown à nez rouge muni d’un couteau de cuisine Ikéa ne se planque pas dans ma penderie Ikéa.

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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 00:09

Juju le Pigiste a la joie de vous faire part de la pesée de ses plus de 400 piges depuis 3 ans. Elles pèsent 4 kilos 500 !

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22 juin 2007 5 22 /06 /juin /2007 00:09

                                

       La silhouette de la plante verte n’est pas assez dense, le bureau pas assez culminant. Aucun endroit pour se planquer. L’index pointeur de Charlie s’aimante vers ma personne. Trop tard.

- Juju c’est toi qui va aller couvrir l’installation et la première du Cirque X !

     J’abhorre le cirque. Pour moi le cirque s’apparente à une succession de phoques à la con et maltraités, de femmes qui marchent sur des fils aussi épais qu’un poil de postérieur, des trapézistes cage aux folles, des clowns qu’on a envie d’immerger dans leur seau, des chameaux bombardiers de crottes et qui puent, sans oublier les sachets de popcorns à dix euros les 20 grammes.

    Le Cirque s’installe dans le quartier le plus glauque de la ville, à deux encablures d’une colonie de caravanes éclairées à la bougie et qui vacillent lorsqu’elles sont occupées. Un cirque en plein QG des putes ! J’aperçois à plusieurs centaines de mètres la pointe du chapiteau qui titille les nuages de pollution. Je me vois contraint, pour y parvenir, d’emprunter le même chemin de croix que les vieux vicieux prêts à succomber aux charmes d’un hermaphrodite brésilien maquillé à la truelle. J’en croise justement un. Et là, vision horreur, à deux mètres de/du la prostitué(e) se tient un homme debout, le pantalon baissé jusqu’aux chevilles, qui s’astique le Polichinelle! Image apocalyptique ! Au-delà de mon imagination ! Mais une scène parfaitement réelle. Je fronce les sourcils en signe d’incompréhension. Et ça continue, la fille/garçon me balance une chose que je pensais uniquement réservée aux  films, mais non !

- Alors on se promène jeune homme ? me dit le transsexuel à bouclettes.

- Euh oui, Madame, Monsieur, et vous ? réponds-je sans m’arrêter.

- Moi je regarde les étoiles, tu veux que je te les montre aussi ? Où tu vas comme ça ?

- Euh, au cirque.

- Ouais ben amuse-toi bien alors, dis bonjour à la trompe de l’éléphant hein, bisous ma chérie.

    J’accélère le pas pour sortir de pandémonium lubrique. Sans m’arrêter, je passe maintenant devant la grande porte d’entrée d’une prison. Le quartier digne d’un décor de cinéma. Un festival de putes, de pervers puis une prison ! Encore un coup de Monsieur le Maire, sûrement traumatisé par un clown maléfique qui puait du bec dans son enfance, et qui se venge à présent en installant la troupe dans les bas-fonds de la ville.

     J’arrive aux abords grillagés du cirque en question. Des bambins tenant des barbes à papa qui font deux fois leur taille, patientent en file d’attente. Quinze mètres plus loin, des putes. Nouveau scanner de mes rétines: là, des enfants avec une barbe à papa, là-bas des putes. Monsieur le maire va apprécier l’article qui s’écrit presque tout seul dans mon cervelet !

- Ohé Monsieur !! me crie un homme à chapeau et nœud papillon.

- Allez-y passez je vous ai reconnu, vous êtes journaliste, je vais vous guider.

- Hein ? Ah bon ? Euh ok, merci.

     Direction les coulisses. Enfin je vais pouvoir respirer ! Et ben non. En écartant les deux énormes bâches rouges, je me mange en plein poils de nez une fragrance de crottes mélangée à de la sciure de bois. Mes pupilles ne sont pas au reste : sur cinq mètres carré sont réunis un mec baraqué et huilé qui s’échauffe tel un gladiateur, deux jumeaux coréens qui marchent sur les mains, un chimpanzé travesti qui se fout de ma gueule, et un lama au regard de faux cul prêt à me cracher dessus.

- Ca porte bonheur hein ?

- Pardon ?

- Ben ça, regardez ! fait-il en indiquant mes Converse du doigt. Mes pieds sont englués dans une merde d’éléphant !

- Elle est où la femme à barbe ? demande-je en extirpant mes attributs podologiques de la bouse made in Dumbo.

- Pardon ?? Cela n’existe plus depuis le 19ème siècle !

- On sait jamais, ça aurait pu faire un article sympa. Comment je peux nettoyer mes chaussures ?

- Allez là-bas près des cages.

     Je file vers les cages isolées à l’arrière du chapiteau. Je localise un arrosoir, l’ouvre et m’arrose les Converse. Un grognement jaillit, deux yeux perçants s’allument dans le noir à cinquante centimètres, des incisives éclatent dans la pénombre. Je crois un moment avoir à faire Monsieur le Maire. Mais non, une meute de tigres surgit et fonce vers moi ! A SUIVRE

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9 juin 2007 6 09 /06 /juin /2007 00:15

Un entretien d’embauche en journalisme…peu éloigné de la réalité!

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3 juin 2007 7 03 /06 /juin /2007 00:00

Copyright Verdel, Nador, Lecourt

 

 

Peter et Steven, deux collègues de Juju le Pigiste, discutent "déontologie" journalistique...

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2 juin 2007 6 02 /06 /juin /2007 00:01

                                 

 

 

PSSSCCCCCCHHHHHHH !

     Les freins du bus qui pile devant mes pieds n’ont pas été révisés depuis la dernière victoire française à l'Eurovision. Le véhicule gargantuesque s’immobilise dans cette côte à 75 degrés d’inclinaison. Son chauffeur moustachu, au bide compressé contre le volant, me rappelle très vite ce détail.

- Bon alors vous montez ??! postillonne-t-il.

- Euh non merci je veux juste savoir si vous connaissez la rue des Fusillés ?

- Hein ? Mais enfin je peux pas m’arrêter en pleine côte ! Montez !

    Je m’exécute, car je commence à imaginer de la fumée s'échapper de sa paire d'oreilles velues. Et comme l’a écrit Audiard pour 100 000 dollars au soleil, quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent. Comme moi. J’avale ma pomme d’Adam. Car je repense soudain aux articles assassins que j’ai composés, et dont la vedette était la régie des transports publics de la ville….

- Pourquoi vous allez là-bas ? demande-t-il en grand inquisiteur.

- Un reportage, fais-je tout bas.

- Un quoi ?? crie-t-il les yeux fixés sur la ligne blanche de la route.

- Euh, un vernissage…

- Un vernissage à un monument aux morts ?

       Le sapin odorant en plastique qui pendouille au rétro effectue un tour complet !

- Euh oui, un vernissage, un mec, un artiste bulgare qui peint des symboles tribals néo-gothiques sur les monuments aux morts…ajouté-je.

     J’invente n’importe quoi.

- Vous vous foutez de moi ?

- Euh, non, je rigole, mais en fait c’est pour un reportage…

- Quoi ? Vous êtes journaliste pour Le Journal X ?

- Euh, oui oui, vous connaissez ?

     Il appuie sur le champignon. Je me retourne, aucune fesse posée sur les sièges. J’ai l’impression de revivre une scène de Freddy Krueger, quand le tueur est au volant et accélère. J’ai juste peur que le film s’achève comme Thelma et Louise ! 

- Non mais faut ralentir là non ? demande-je.

    Pas de réponse. J’appuie encore et encore sur « Arrêt demandé ».

- Oh j’ai appuyé là, vous êtes con ou quoi ?

- Ah bien sûr que je connais ce journal! Vous nous aimez pas hein vous les journalistes, vous nous aimez pas hein ! Pourquoi vous nous aimez pas ? J’ai lu vos articles !

    C’est bien ma veine.

- Euh, oui, enfin non, je ne sais pas, je, pas du tout, on vous aime bien ! Vive les bus !

   Les vitres tremblotent. Les feux sont tous au vert. Le bus s’accroche à la pente. Le premier bus à dévaler une pente dans le sens de la montée !

- Vous nous aimez pas hein, vous nous aimez pas !

- Oh vous vous arrêtez pas là ?? fais je en me scotchant au siège.

- Espèce de p’tit con va ! fait-il en braquant le volant et écrasant le frein de toute son obésité.

     Je suis aussi blanc que de la Chantilly. Je m’extirpe du bus. Mais dans un ultime sursaut journalistique, je pivote de 180 degrés et le défie dans les yeux comme un diable de Tasmanie.

- Non…non…JOURNALISTE, lui réponds-je solennellement et en installant mes lunettes de soleil.

     Il m’offre un doigt d’honneur bien tendu qui fend l’air moite. Les portes se referment dans un PSSCCCHHHH infernal. Le bus disparait. Je lui tourne le dos, et repars vers le soleil couchant.

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25 mai 2007 5 25 /05 /mai /2007 00:32

                                       

     Dans la salle de méditation, la salle de la machine à café en langage journalistique, je tourne la cuillère en plastique dans l’espresso bouillant, saveur jus de chaussettes de bûcheron slovaque. Je plonge en pleine méditation métaphysique, tandis que le tourbillon de mousse s’estompe à la surface du gobelet. La vapeur passe devant mes yeux hagards, je pense aux fantômes. Et je pense, je pense : les ectoplasmes n’ont –ils rien d’autre à foutre de leur mort que de faire voltiger des tables, briser des verres de cristal, apparaître flous sur des écrans de surveillance de supermarché, déplacer des voitures ? Mon esprit journalistique en doute. Même refrain pour les extra-terrestres :  en visite sur Terre, ces derniers n’ont-ils rien d’autre à glander de leur escapade que de dessiner des grands signes dans les champs, d’ériger des statues sur l’Ile de Pâques, ou d’apparaitre à poils boyaux béants dans des films d’autopsie chez Jacques Pradel ? Mon esprit journalistique en doute tellement que mon café se refroidit. Je le catapulte dans la poubelle sans escale œsophage. 

    Pour moi c’est clair, la neutralité journalistique en matière de paranormal est très dure à briser. J’ai dans ce domaine un parti pris en marbre. Comme Saint Thomas, Juju le Pigiste attend de voir des fantômes lui parler, et imprimer leur voix sur son dictaphone, pour pouvoir écrire noir et blanc qu’il les a vus. Et non pas lui faire croire apparaître dans une espèce de brouillard cathodique sur des écrans de télé en foutant les jetons. Alors quand je déniche l’idée de faire ce reportage sur un professeur de paranormal, qui assure un cours unique en France, Charlie se branche sur moue dubitative.

- Si si vous verrez, c’est comme dans Poltergeist ! lui précise-je en plaisantant.

- Mouais, le film avec l’extra terrestre et le doigt qui fait de la lumière rouge ?

- Non ça c’est E.T !

- Poltergeist c’est avec le robot du futur qui tue des gens ?

- Non ça c’est Terminator !

- Ah oui c’est vrai ! conscient de sa culture cinématographique limitée aux Femmes d’Honneur et à la poitrine de Ingrid Chauvin. J’enchaîne avant qu’il n’évoque un probable Harry Poltergeist ou un Dracula contre Lassie: le choc des canines.

- Vous me faites penser, je vais aussi faire un article sur les Ovnis dans la région, merci Charlie !

     Mine déconfite du rédac chef ! Je file dans un quartier historique de la ville, pavée d’un trottoir aussi glissant qu’une patinoire, sous une pluie invisible mais bien réelle sur vos vêtements. La pluie chiante par excellence quoi. L’université s’étouffe entre deux énormes bâtisses noircies par les pots catalytiques. C’est une université catholique. Je m’attends bêtement à tomber nez-à-voile sur des nonnes glisser en silence le long des couloirs comme sur un tapis roulant. Je me perds dans des couloirs tortueux et interrompus par des escaliers d’une marche à casser des chevilles en pagaille. Je parviens à la porte de la salle de cours. (ndlr : raccourci journalistique, en vérité, j’ai mis plus de vingt minutes à trouver la salle de cours) La salle de classe est submergée par une lumière grisâtre, tandis que les gouttes de pluie font la course sur les carreaux. J’ai l’impression d’être le proviseur en visite surprise, car les sept élèves affichent des visages Musée Grévin en me voyant.

- Bonjour ! Il est où le prof ? Il est invisible c’est ça ?

     Je me retourne, et me cogne aux sourcils froncés du prof en question, grand et mince, raie à la IIIème Reich dans les cheveux bruns, poing qui compresse la poignée de sa mallette. J’abandonne tout de suite l’idée de faire de l’humour.

- Qui êtes vous ?

- Je suis Juju le Pigiste...

- Comment osez-vous interrompre mon cours ?

- Mais, euh, hem, il n’a pas débuté !

- Suffit, sortez !

- Très bien.

    J’ai l’impression d’être en troisième et qu’on m’envoie chez le proviseur pour avoir collé une cartouche d’encre vide avec du papier mâché au plafond.

- Vous devez demander une autorisation écrite, passer par le rectorat, avant de pouvoir faire une quelconque interview ou article dans un établissement scolaire.

     Je ne sais quoi répondre. Il a raison sur toute la ligne. Dans les films, faut un mandat d’arrêt avant de pouvoir fouiller les maisons. En journalisme, c’est pareil, faut un mandat d’interview en gros pour certaines professions. Il est par exemple interdit de prendre un flic ou un gendarme en photo. Autant dire que le premier contact n’est pas le meilleur de l’année. Avec l’air penaud de petit garçon puni, le les quitte, lui et ses élèves au garde-à-vous. Mais je tente d’espionner par la serrure ce qu’il se passe dans la salle, afin peut-être d’apercevoir un ou deux cailloux voler d’eux-mêmes à travers la pièce. Mais une élève au visage de sorcière du XVIIème siècle sort pour aller aux toilettes ou repoudrer son nez piercé à la Vache qui Rit. Encore à moitié à genoux, je heurte en collision avec son estomac comme dans un Airbag.

- Monsieur, il est toujours là ! rapporte cette s....e

    Mon cahier à boulettes se garnit d’un bonus de cent croix. Je rougis tel une seringue qui s’emplit de sang. Je suis pris comme si j’avais copié sur mon voisin une interro de maths au collège.

- Monsieur, je croyais avoir été clair…

     Je ferai finalement l’interview par téléphone, passant à coté de photos cocasses et d’événement paranormal. Par contre, le visage de cette sorcière rapporteuse enfoui sous un masque de talc pour fesses de bébé, hante encore mes cauchemars journalistiques. Il y a des combustions spontanées qui se perdent bon sang ! Néanmoins, cela conforte ma théorie : le seul univers paranormal digne de ce nom reste le journalisme…

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15 mai 2007 2 15 /05 /mai /2007 00:10

- Dis papa, comment on fait les pigistes ?

- Un pigiste est un travailleur des médias rémunéré à la tâche, à l'article, au nombre de photos ou à la vacation. C'est une forme de travail freelance. Un pigiste peut collaborer à un ou plusieurs médias. En France, le pigiste est, s'il a le statut de journaliste, un salarié. Il bénéficie alors (en principe!!!!!!) des droits correspondants, d'un salarié de tout secteur ou propre aux journalistes (13e mois, congés payés, droit au licenciement, clause de cession par exemple, et tout ce qui figure dans la convention collective des journalistes). Ce rattachement à un statut de salarié est unique en son genre dans le monde, comme le montre l'enquête de la Fédération internationale des journalistes réalisée en 2003. Cette présomption de contrat de travail du journaliste pigiste est déterminée dans le droit français par l'alinéa adjoint à l'article L. 761-2 du code du travail par la loi n° 74-630 du 4 juillet 1974, dite loi Cressard : ''Toute convention par laquelle une entreprise de presse s'assure, moyennant rémunération, le concours d'un journaliste professionnel au sens du premier alinéa du présent article est présumée être un contrat de travail. Cette présomption subsiste quels que soient le mode et le montant de la rémunération ainsi que la qualification donnée à la convention par les parties.''

- Mais papa, ces droits ne sont souvent pas respectés et la jurisprudence est très contradictoire?

- Hein? Euh en effet. Dis donc tu m'as l'air assez calée sur le sujet à deux ans. C'est ta mère qui t'a fait bosser?  Qu'ils soient titulaires de la carte de presse ou sans carte, la situation des pigistes peut être d'une "extrême précarité, comme le montrent les nombreux témoignages de signataires de la pétition "Pigistes en colère".  En gros, un pigiste l’a toujours dans le cul.

- Ah d'accord. Dis papa, tu te foutrais pas de ma gueule ? T’as tout pompé sur Wikipédia non ?

- Euh oui oui, tais toi et bois ton lait !

Définition Wikipédia.fr

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12 mai 2007 6 12 /05 /mai /2007 00:04

                             

  - Allô c’est Juju le Pigiste, je vous appelle pour l’entretien…

  - Hein ? Moui écoutez oui venez au...

   Quartier chic de Paris, immeuble néo-cool de bobos squatteurs, digicode sans morceaux de scotch à la con dessus. Toujours se méfier des noms calligraphiés au stylo et collés avec du rouleau adhésif. Là, l’écriture sur le bouton est nette, droite, proprette, en noir sur fond blanc et bien centrée. J’enfonce le nom en question. L’objectif de la caméra est directement en train de me scruter. La porte carillonne, je la tire. Je la tire tellement que les carreaux commencent à vibrer et à se fissurer. Je la pousse, elle s’ouvre… Coup de rétine derrière moi, personne ne m’a vu. La honte journalistique évitée !

    La porte est nichée au fond du rez-de-chaussée. Je frappe. Des aboiements traversent le bois. Mauvais signe. Je n’ai pas franchement l’impression de pénétrer dans une rédaction classique. Quand bien même j’ai déjà vu des chiens, et parfois des enfants, traîner dans les rédactions. Un homme de mon âge m’ouvre,

- Oui ?

- C’est Juju le Pigiste pour l’entretien.

- Ah oui, entrez.

   Un appartement cossu et coquet. J’adore les chiens, mais là surgit un duo infernal de canidés qui me collent aux pattes, m’exaspèrent et me brisent illico les roubignoles : ils veulent sauter avec leurs pattes toutes nazes sur mon costard flambant neuf.

- Non !! Non ! Poussez-vous poussez-vous cons de chiens !!!

    Je les repousse avec véhémence. Tout juste si je ne passe pas pour un serial killer de toutous. Ma main est engluée de bave. Je l’essuie discretos sur le canapé. Autant dire que d’entrée je ne marque pas de point. Un autre homme corpulent et barbu est assis hypnotisé devant un ordinateur. Ca sent l’arnaque à pleine truffe. Je reste quand même. L’homme gros et barbu ne me salue pas. Je le salue. Silence. Qu’est-ce que c’est que ce plan miteux. Je dois effectuer un numéro de claquettes ou quoi ? L’homme est plus vieux que l’autre, ils s’échangent des regards complices. Ils sont amants. Je repère tout de suite deux personnes qui couchent ensemble.

    Puis l’homme au bidon m’indique de son bouc un tabouret. Première fois de ma vie que j’effectue un entretien sur un tabouret.

 - Bon allez y, alors pourquoi venez vous ici ? me demande-t-il.

   Je lui déballe mon discours appris par cœur, la complainte du pigiste. En gros, que je suis motivé pour travailler espèce de gros bêta. Je leur parle des sujets de leur nouveau magazine, leur apprends même quelques trucs ( !), car ils veulent me piéger. Or on ne piège pas Juju le Pigiste. Juju le Pigiste a tout révisé.

- Pourquoi vous ne créez pas un magazine ?

    Je suis abasourdi par une telle réplique. Là je me lève et m’apprête à partir. Véritable provocation de me poser ce genre de question. Lui est journaliste depuis trente ans, moi non. Comment veux-tu créer un magazine sans réseau élargi ? Lui a presque cinquante ans et va lancer son premier magazine ! Evidemment que j’y ai pensé !

- Bon allez, arrêtez avec votre couplet du « à l’époque c’était plus facile, on quittant un travail on en trouvait un comme ça ! » lui assène-je en reprenant ma veste.

     Je suis prêt à casser des briques. Le prochain qui me sort ce genre d’argument, je lui fous la tête la première dans une fraîche défécation de teckel. Mais l’ambiance se réchauffe. Un ange passe, puis un autre, et encore un autre. C’est l’embouteillage céleste. Soudain, un bruit ahurissant, indescriptible, rompt le silence. Un son que l’oreille humaine ne peut concevoir. Le chien vient de péter. L’arme de destruction massive : un pet de chien peut vous tuer en un quart de seconde.

    - Oh oh il est vieux vous savez ! assure l’homme barbu en allant ouvrir la fenêtre.

    - Euh, oui oui, hein…fais-je en me grattant le menton assez interloqué par la situation. 

      Une rédaction dissimulée dans un appart, avec deux ordinateurs qui se battent en duel, deux amoureux genre Renato pour s’occuper d’un magazine qui fait 100 pages, et deux chiens vieillards adeptes de flatulences génocidaires : Juju, lève toi et fuis ! Mais non, l’homme barbu me convie près de lui. Je m’approche et m’assois sur la chaise vide à ses côtés. Je sens son haleine tiède harceler mon cou. Je suis invité à contempler la maquette de leur magazine gay. Jolie pour tout dire.

   - Mais attendez, je suis pas gay moi ? Faut pas faire de discrimination hein ! leur-dis en plaisantant.

  Ils rigolent. Puis j’aperçois sur l’écran un mannequin baraqué, tablettes de chocolat en abdominaux, peau luisante et mate, pectoraux saillants. Conan le Barbare quoi.

   - Hey mais c’est moi ! leur dis-je toujours pour plaisanter.

   Les deux compères se regardent, écarquillent leurs yeux et éclatent encore de rire !

    Ils prennent congé de mon entité journalistique. J’évite encore les pattes des chiens péteurs avant de pouvoir respirer l’air libre à pleins poumons. Je reçois trois jours plus tard une réponse positive pour faire des piges, commandées ou non. Je leur réponds en leur proposant des sujets, en leur proposant ma disponibilité. Je réceptionne le lendemain un mail laconique et cruel, sans bonjour ni rien : « Pas intéressé, merci. ». Bienvenue dans le monde quotidien de la pige.

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26 avril 2007 4 26 /04 /avril /2007 00:12

                      

                                                                          

 

    Pas de journée typique pour un pigiste. Un jour, c’est le néant total, le vide sidéral journalistique : aucun coup de fil, un téléphone aussi bavard que Bernardo, de telle sorte qu’on soupçonne le suicide de sa carte SIM. Puis, le lendemain,

9 heures. Le téléphone vibre,

VRRRRRRRRR  VRRRRRRRRR !!!!

- Allô c’est Marine Jessica, l’attachée de presse de XX, je vous rappelle suite à votre demande d’interview…

- Oui, merci, il s’agirait d’une demande concernant…

- Ouais OK pas de problème, je le préviens il vous rappelle. Au revoir, tenez-moi au courant…

- Ok c’est cool ça roule !

VRRRRRR VRRRRRR

- Allô ?

- Allô oui c’est XX, [jeune acteur en devenir], j’vous appelle au sujet de l’interview. On peut faire ça par téléphone.

- Par téléphone là j’ai le temps, j’vous mets en haut parleur, alors dites-moi est-ce que vous pouvez me parler de votre film, qui....

VRRRRRR VRRRR le téléphone tremblote.

- Ah, pardon j’ai un appel à prendre, veuillez-me pardonner. On fait ça par café alors cet après-midi ?

- Bon ben oui c’est pas grave, rendez vous cet après-midi.

- Ok très bien, pas de problème !

J’attrape le double appel.

- Allô ?

- Oui c’est le service photo là. Elle est où la photo ?

- Quelle photo ?

- Ben la photo ! Elle est où la photo ?

- Ben je sais pas, pourquoi l’article passe demain ?

- Ben oui, c’est Charlie qui me l’a dit. Elle est où la photo ?

- Charlie m’a rien dit, bon attends je l’appelle...

- Ok et dépêche toi, parce que j’ai besoin de la photo. Elle est où la photo ? La photo !  BIIIP BIIIP

- Allô Charlie ?

- Oui Juju ça va bien ?

- J’vous appelle au sujet de la photo….

- Oui, la photo, faut la photo, pour dans deux heures maximum. Je la veux demain matin.

- Dans deux heures ou pour demain matin ?

- Oui c’est ça, j’dois te laisser…BIIIPP BIIIP

J’appelle le service de presse qui s’occupe de la personnalité.

- Bonjour, c’est Juju le Pigiste..

- Ah, alors finalement l’article passe ?

- Oui, il passe, et j’dois avoir une photo.

- Une photo ? Bon ben je verrai demain.

- On a deux heures, c’est urgent.

- Bon ben j’vais voir avec le service photo de chez nous ! Au revoir, j’vous rappelle, enfin on s’appelle.

Je compose le numéro de la personnalité…

- Bonjour, l’article passe demain finalement.

- Ah oui très bien, dites moi j’aurais vouloir rajouter quelque chose, vous pouvez corriger le passage du…

- Bon je vais voir, c’est délicat l’article est déjà en boîte ! On avait dit que tout était bon !!! Vous vous rappelez ?

- Bon ben c’est pas grave. A bientôt, au revoir et encore merci.

Je compose le numéro d’une personnalité politique.

- Allô, vous avez vu, l’article est passé aujourd’hui !

- Ah oui ? C’est gentil de m’appeler, je vais l’acheter.

- De rien à bientôt, et n’oubliez pas de parler à X de moi pour une interview.

J’ai tout juste le temps de gober un Kit Kat que ma boîte mail signale un message reçu. « Invitation ce soir au cocktail pour le lancement du livre de XX dans un restaurant russe». Le téléphone de bureau sonne.

- Allô, tu as bien reçu mon mail ? Tu viens ce soir ?

- Euh oui, c’est qui ?

- Ben c’est Stéphane de l’agence XX. Alors tu viens ce soir ?

- Ce soir je sais pas.

- Si si faut venir, hein, ce sera bien pour une interview.

- Bon ben d’accord, à ce soir, au revoir !

VRRRR VRRRR

- Bonjour, société, nous vous appelons pour un stage de…

- Oui bien sûr, je suis prêt à faire un stage non rémunéré

- Ah oui ? Cela nous intéresse…

- Oui, et de six mois à temps complet

- Ah oui, très bien…

- Même de nuit connards d’esclavagistes, au revoir ! Clac.

VRRRRRR VRRRRR

- Oui ca y est c’est bon j’ai la photo. Je l’ai envoyée par mail. Le vôtre.

- Ok merci !

    Je vérifie le mail. La photo est énormissime, de quoi faire imploser n’importe quel serveur occidental. Je la transfère à Charlie et l’appelle.

- Allôooooo ? L’assistante de Charlie à l’appareil, allô allô ?

- J’ai envoyé la photo par mail

- La photo ? Quelle photo ?

- La photo qu’il veut, sur son mail, là.

- Le mail, attends je regarde, ben non y’a rien ?

- Ah zut, c’est Outlook là, c’est tout pourri !

- Ah siiii, voilà, le truc, le petit logo, tourne là, voilà, message reçu, ok j’vais lui montrer. Ah ben non, il est en réunion, donc plus tard.

- Attends alors, je te dis la légende, pour la photo.

     Je raccroche. J’appuie sur le bouton « On » de ma machine à café qui fait un bruit d’aspiration et qui tremble tellement que j’ai l’impression qu’elle va s’expatrier sur la Lune. Comme la morphine d’une perfusion, le café tombe peu à peu dans la cafetière. Je la saisis lorsque…

VRRRRRRR VRRRRRR

- Allô oui ?

- Allô Juju le pigiste ? Oui je suis XX (grande figure télé), je vous appelle pour l’interview. Je suis d’autant plus content que je n’ai rien à vendre. Ca changera pour une fois, hors promo.

- Oui, c’est vrai ça. C’est plus vrai.

- Ecoutez voyons nous pour en discuter.

- Très bien, je vous rappelle.

     Là, je sors la phrase magique, la phrase du siècle, la phrase journalistique passe partout, LA phrase ultime, salvatrice, miraculeuse que même Le Guide du Castor Junior ne mentionne pas :

- Je vous tiens au courant.

- OK, très bien, à bientôt alors !

J’ouvre mon fichier Word, et je commence à rédiger un article.

VRRRRRRR VVRRRRR

- Bonjour, c’est XX (star de la chanson !), ça y est j’ai réfléchi à ce que vous m’aviez demandé, je vous laisse avec mon assistante.

- Ok Monsieur, je vous en remercie.

- C’est quoi le bruit là ? Je vous dérange ? Vous êtes au zoo de Vincennes ?

J’éteins ma cafetière moyenâgeuse immédiatement.

- Euh, non non, c’est le Wi-fi, vous savez, les ondes tout ça, c’est un gros bordel, on s’en mange plein !

- Bon, je vous laisse mon assistante, elle vous parlera des détails.

- Ok !

- Alllô ??? Alllôooo ? C’est Imogène, l’assistante de XX, donc je vous envoie un fax.

- Un fax ?

- Oui, c’est à quel numéro ?

- Mais j’ai pas de fax moi ! Envoyez-moi un mail !

- Mr XX n’a pas de mail.

- Quoi ? Bon ben euh, attendez. 

    Vite, trouver une solution. Bébert le voisin a un fax clandestin, je lâche le combiné sur la table, et vais tambouriner sa porte.

- Vite, ton numéro de fax !

   Derrière la porte une voix rauque sèche, grommelle un charabia extra-terrestre. Je parviens malgré tout, l’oreille plaquée au chêne, à distinguer le numéro.

- Ok très bien merci, tu vas recevoir un fax !

Retour chez moi.

- Allô Imogène ? Envoyez donc au XXXXXXX.

- Très bien.

   Je repars vers la porte de Bébert. Aucune réponse.

- Le fax, alors t’as le fax ?

   Le papier est éjecté à travers le petit espace sous la porte. Fax nouvelle génération.

- Merci !

  J’entends un « #&!‼Ω≠Mea&!‼eizaj&!‼envkdsv&!‼njkdnv !!! » étouffé derrière la porte. Je lis le papier. Putain, tout ce qu’il y a à corriger et à préciser. Je rappelle XX.

- Allô oui c’est Juju, dites moi j’ai besoin de précisions sur…

- Ah oui c’est bien hein mes infos non ?

- Euh oui, parfait. Mais je voudrais savoir si…

- Je vous laisse, j’suis en studio j’enregistre !

- Euh, bonne séance !

     Putain, merde, à quelle heure déjà le café avec l’autre personnalité ??! Je m’embrouille, avec qui je dois prendre un café, le livre de laquelle je dois lire, l‘attaché de presse duquel je dois appeler. Argh ! Mon café est froid. LE truc qui m’énerve comme Hulk ! Interdiction de le réchauffer. Café bouillu, café foutu. J’en refais un autre. Nouveau filtre, nouvelles cuillères. Deux, « ce n’est pas la peine d’en rajouter plus. » Je peux enfin m’atteler à l’article.

VRRRRRRR VVVVRRRR

- Allô ??

- Oui c’est Lucie , l’attachée de presse de Svletana Ibrokaia

- Euh, pardon ?

- Je me permets de vous appeler car elle fait un spectacle.

- Euh oui, d’accord, « je vous tiens au courant » merci !

   J’appelle Charlie.

- Allô vous avez eu la photo ?

- Oui, faudra venir demain relire ton article.

- Très bien, au fait Svletana Ibrokaia, ça vous intéresse ?

- Qui ? Je la connais pas, elle est pas connue, personne la connait !

- Moi non plus !

- Ben alors, pourquoi tu proposes !

     Et ça continue toute la journée. Je voudrais bien être comme Bill Murray d’Un Jour sans fin, revivre chaque jour le même rythme. Le lendemain, malheureusement, aucun coup de fil.  J’aimerais dire que « je vous tiens au courant », mais bon…

 

 

 

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