- Allô?
- Oui allô c'est Juju le Pigiste, je me permets de vous appeler concernant l'article que vous avez publié à propos de XX, je suis l'auteur de l'article dont vous vous êtes un peu/beaucoup/ à la folie inspiré!
- Ah ouais? Super, bravo!
- Oui euh, merci, je me disais alors, pourquoi je n'écrirais pas pour vous directement, ça évitera les pompages non?
- Ah ouais super, viens donc à la rédaction demain!
Me voici face au rédac chef et au directeur de la rédaction d'un grand journal people très connu français.
- Tu peux nous faire des articles, certains journalistes sont partis là.
- Super, sinon je pense que pour le CDD ou le CDI, je suis déjà assis dessus là?
- Tout à fait.
- C'est parti!
La presse people, c'est comme la masturbation, tout le monde est outré quand on en parle, mais tout le monde l'a déjà fait une fois dans sa vie. Et pour un journaliste, c'est je pense une expérience par laquelle il faut passer. Ecrire un article pour la presse people, c'est comme écrire une rédac au lycée. On vous file un sujet, et voilà.
Par exemple
« Julien, XX a été vu en train de boîter dans la rue + un rapport médical hyper confidentiel + les photos, tu fais un truc merci».
Je dois faire trois mille signes. Autant dire qu'il faut broder, mais broder bien hein, sans commettre de boulettes irréparables.
Exemple: le fait que X a été aperçu boitant dans la rue deviendra:
« Lorsque les lueurs de Paris s'éteignent peu à peu, que les Français rejoignent les bras de Morphée, une silhouette fort connue et appréciée des Français est aperçue rue Trucmuche, la démarche hésitante, difficile, presque impossible. Une âme en peine, en proie à une souffrance que d'aucuns redoutent...Il ne s'agit ni plus ni moins que de XX, le célèbre animateur de... ».
Et voilà commment gagner trois lignes. Lorsqu'il faut en faire une centaine, on fait appel à son imagination. Etant aussi un peu écrivain, ce n'est pas vraiment le journaliste qui est sollicité dans ce cas, mais bien le petit auteur. Et pour éviter tout procès ou cassage de gueule de la personnalité évoquée dans l'article, je m'affuble un pseudo, en l'occurrence un nom de réalisateur!
L'accueil dans cette rédaction fut tout à fait sympathique, à mille lieues des clichés que l'on tente de faire avaler dans certaines émissions télé qui commencent par Les et se termine par Infiltrés. Quant aux bonnes âmes qui crient au scandale, et fustigent le côté fécal de cette presse, il n'y a qu'un seul responsable de sa pérennité, les personnes qui l'achètent.