« Bienvenue Juju le pigiste ». Un bonheur simple, fait de plantes et de tranquillité me tend les bras. Une journée ensoleillée à deux enjambées d’un fleuve, sur une péniche. On m’avait envoyé couvrir, du moins faire son portrait, le gagnant de la péniche fleurie. Arrivé au port, je ne l’aperçois pas tout de suite, car la dite péniche est ensevelie sous des myriades de fleurs colorées, de plantes et autres artefacts végétaux. Il me faudrait un dictionnaire de latin pour savoir ce que c’est. J’appuie sur la sonnette, un chien répond. Ce sont toujours les chiens qui répondent avant leurs maîtres, ils entendent la sonnette, aboient, un chien c’est l’écho d’une sonnette. Un homme d’une quarantaine d’années, baraqué, en débardeur, sort me saluer.
C’est un endroit qui ressemble à
Ici tout est à la fois normal et magique. Chaque année, ils remportent le prix de la péniche fleurie. Les deux chiens sautent sur mes jambes et me collent leur truffe mouillée sur le bras. On m’offre un café, à la température idéale conservée par les rayons du soleil. Le silence complet, à douze mètres d’une rue pourtant pleine de tarés. Les animaux ne s’y trompent pas non plus. Alex me dit qu’il aperçut une tortue un jour, juchée sur un tronc d’arbre, impassible, majestueuse, sa carapace capitaine de ce morceau d’arbre dérivant sur l’eau vers on ne sait où. Car c’est fier, une tortue. Ils chouchoutent aussi une constellation de tomates d’un rouge envoûtant, « pas assez pour survivre si on est attaqués ! ».
Je les prends en photo, leur dis au revoir, les salue de la main tandis qu’ils disparaissaient sous leur paradis végétal. Ils se tiennent par la hanche. En partant, sur le pont, je distingue quelques graffitis effacés, mais je parviens à déchiffrer l’un d’eux, tout frais, « La péniche des PD, cassez-vous ». On était en France, après l’an 2000.